Parce que ça spoile (attention)

février 12th, 2011 by Batiste

- Mais avant que nous nous battions, monsieur, vous allez me donner votre véritable nom… Je veux savoir qui je tue…
- Ha oui mais non…
- Mais si !!
- Non !!
- Siiii….
- Et non !!
- Mais siiii tu vas me dire qui t’es !!
- Oui mais là mais non !!
- Hooooo, mais si !!
- Bon ok… Je suis…
- Vous êtes ?
- Je suis…
- …
- Edmond…
- …
- Edmond Dantes !! (Voilà ça y est je l’ai dit)
- Mais ce n’est pas possible !!
- Et si !!!
- Mais non !!!
- Et pourtant… Si !!!
- Noooonnnnnnnnn
- Si…
- Mais je te croyais mort !!!
- Ha ça non !!!
- Mais si…
- Ben la preuve que non !!
- Mais si… Jeté à la mer et tout !!
- Ha oui peut être… Mais non !!

C’est trop une truffe Morcerf… Depuis le début du bouquin on le sait qu’il est pas mort Edmond !!

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Parce qu’elle a pas d’idée

février 11th, 2011 by Batiste

12 ans plus tôt… Un jour.

Les photos, on les prenait par pellicules de 32, en 100 ASA, et puis on verra le résultat en septembre, alors c’était toujours un peu l’aventure d’aller les chercher chez le photographe.

Avec le Canon de maman, j’avais le droit d’en prendre de temps en temps, mais fallait faire bien attention à mettre la petite tige dans le petit rond pour que la photo soit exposée juste comme il faut.

Le photographe, lui, c’était un gars tout petit qui arrivait toujours à nous prendre de haut.
Il avait une vitrine pleine de photos d’enfants posés contre des colonnes romaines, des parapluies à flash pour les photos d’identité, et il disait “Non mais regardez, bon vous la voyez votre photo là, ben chez Leclerc ils les passent dans le bain comme ça et puis ils s’en foutent, alors que moi quand je vois ça, bon ben je refais un tirage plus contrasté !!”
Et puis il disait aussi “En même temps pour des photos de ce niveau…”.

Papa avait donné l’argent, pris les photos et la parole :

Mon papa : “J’ai entendu qu’ils allaient sortir des appareils photo qui marchent avec les ordinateurs… Vous voyez ça comment vous ?”
Le photographe : “Le numérique ? Mais c’est de la merde leurs trucs !!”
Mon papa : “Mais c’est toujours pareil, ils vont s’améliorer…”
Le photographe : “Mais les gens y passeront pas… Je le vois moi, si c’est pour avoir des photos pourries… Et puis ils viendront toujours faire développer leurs photos !! Alors on fera peut être un peu moins sur les pellicules, mais aucun problème !!”
Mon papa : “Pas de souci alors…”
Le photographe : “Pas de souci !!”

J’avais regardé le rayon de pellicules. Il était pas si gros que ça…

En sortant, papa avait dit que non, il nous avait pas forcément pris de haut, et puis que quand bien même, c’était toujours bien d’avoir l’avis d’un professionnel qui devait sentir un peu comment ça pouvait évoluer même si lui il était pas d’accord… Ou un truc comme ça.

12 ans plus tard… Une nuit.

Je claque la porte, un sac sur le dos : en route pour Paris.

Le week-end est encore passé trop vite, et comme personne n’est à la maison, je dois aller à pied chercher maman au bureau de votes pour qu’elle m’emmène à la gare.

Depuis que j’ai quitté Bordeaux, mes trépidations girondines m’entraînent d’avantage au pied des vagues que dans les rues secondaires de ma petite ville et, pour la première fois depuis 8 ans, je me retrouve à marcher sur le chemin de l’école primaire.

Il fait nuit, la ville est déserte, et je passe dans le silence de lieux foulés mille fois. Mon dernier jour de CM2 refait surface : sorti de l’école après une journée de jeux, je m’étais promis de garder cet instant en mémoire, et avais fixé ce temps. Je m’étais concentré sur tous les mouvements, les visages, avais enregistré les odeurs et les impressions, la sensation de cette après midi de juin, de l’air chaud s’engouffrant par la fenêtre ouverte de la voiture jusqu’aux reflets du soleil sur le tableau de bord.

Cette expérience d’enfant avait été un tel succès, ces minutes avaient été si invariablement fixées dans ma mémoire, accessibles sans altération à l’adolescent que j’étais par la suite devenu, qu’une évidence m’apparut : il suffirait, si je souhaitais graver irrémédiablement un moment spécial, que je me concentre pleinement sur l’instant, les formes et les sensations, les impressions et les couleurs…

Et c’est ce que j’ai fait.
Au prix d’inévitables “C’est quoi la tête que tu fais là ?” quand je me faisais gauler, j’ai mémorisé quelques instants dont je ne voulais pas me défaire, quelques regards, quelques sensations…

Mais la mémoire est ainsi faite que le rappel de cette fin de journée de CM2, de ce premier souvenir de mémorisation volontaire, a ramené tous les autres à la vie. Je me retrouve un soir sous une coupole, je sens mes doigts glisser entre les rayons du soleil matinal, je me retrouve devant des regards heureux, des cils mouillés… Et j’entends pas mal de “C’est quoi la tête que tu fais là ?”…

Entouré des spectres de ma vie passée, j’entre dans l’ombre du parc, et je sais que petit, j’aurais eu peur de la masse sombre des arbres dont l’immensité m’impressionnait…

Le bureau de votes n’est plus qu’à quelques mètres.

Le bureau de votes

La mairie, elle, regorge de monde.
Le maire s’est un peu fait piquer la main dans le sac, et pour la première fois depuis 40 ans (pour la première fois tout court), la majorité municipale peut changer de bord…

Alors ça dépouille. Les responsables de bureaux fixent les tas de bulletins au milieu d’une fourmilière : les co-listiers de tous bords passent d’un bureau à un autre, se communiquent les tendances, la moitié de la ville est là, discute, annonce le cataclysme…

Maman est au beau milieu, en pleine discussion avec l’ancien photographe

Ma maman : “Batiste, tu te souviens de l’ancien photographe ?”
Batiste : “Oui, je m’en souviens bien”
Ma maman : “Et bé voilà mon fils Batiste qui fait quelques photos aussi…”
Le Photographe : “Argentique ou numérique ?”
Batiste : “Numérique…”
Le Photographe : “C’est ça qui nous a tué le numérique…”
Batiste : “Ha ?”
Le Photographe : “Ben ouai !!! Alors qu’on était à 200 pellicules jour (les bonnes semaines hein, les semaines de retour du ski, ou fin août…) Et bé on est tombé à moins de 10 Pellicules par semaine !! J’ai même téléphoné au fournisseur de la machine (oui hein parce que les machines, même si on fait pas de tirage, les bains ils se vident toujours un peu hein, alors quand on est à 10 pellicules par semaine, on perd plus que ce qu’on gagne), et le gars il m’avait donné les codes pour un mode spécial de moins de 10 pellicules par semaine…”
Batiste : “Non…”
Le photographe : “Si. Et puis ça nous est tombé dessus comme ça, on a rien vu venir…”

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Parce qu’ils ont disparu

janvier 23rd, 2011 by Batiste

Au début, je leur disais pourquoi j’appelais.

Je leurs disais que les gars de l’informatique qui mettent en place leur outil de travail c’était moi (avec mes petits bras), et que je les appelais pour faire un test ; oui c’est ça juste pour vérifier que le service marchait bien et que quand je tapais 3 je tombais sur un téléconseiller de l’Enseigne… Et en général ils comprenaient rien.

Ils comprenaient rien ou ils pensaient que je les appelais pour les fliquer. Un sur deux se mettait à paniquer, bégayait, et je sentais qu’ils étaient aussi stressés que s’ils devaient repasser l’épreuve d’histoire-géo du bac : ils faisaient attention à pas faire de boulette, recomptaient tous leurs mots, et je me retrouvais avec vingt “merci de votre appel” avant de pouvoir raccrocher…

Alors maintenant je leur mens.

Le téléconseiller : “Bonjour, que puis-je faire pour vous ?”
L’auteur (fourbe) : “Bonjour, je voudrais connaître les horaires d’ouverture du bureau de poste de Richard Lenoir à Paris onzième.”
Le téléconseiller (qui trouve que la question est facile) : “Vous avez le code postal ?”
L’auteur (habitué) : “75 011″
Le téléconseiller : “Ha oui Paris onzième…”
L’auteur : “Voilà !!”
Le téléconseiller : “Richard Lenoir vous avez dit ?”

Hop hop hop je t’arrête tout de suite lecteur !!

Va pas croire que le téléconseiller a pas tout de suite capté quel bureau de poste il devait chercher, le code postal et tout… Si là, le téléconseiller minaude et me demande de préciser tout ça, c’est parce que pendant ce temps il est en train de se balader sur ses outils pour me les filer les horaires dès que j’aurai répondu “Oui oui Richard Lenoir”, histoire de m’impressionner un peu… Je reprends le cours de la conversation.

L’auteur (déroulant) : “Oui oui Richard Lenoir”
Le téléconseiller : “Alors le bureau de Poste est ouvert de 8h à 20h sans interruption.”
L’auteur (re-fourbe) : “Et le samedi ?”
Le téléconseiller : “De 8h à 13h. Vous fallait-il d’autres informations”
L’auteur (content du service) : “Non c’est bon. Merci”
Le téléconseiller (formé pour dire cette phrase) : “Merci de votre appel. Au revoir !!”
L’auteur (qui aura le dernier mot) : “Au revoir”

Tout ça pour te dire, lecteur, qu’au réveil ce samedi là, je me suis pas demandé pendant mille ans jusqu’à quelle heure était ouvert le bureau de poste de Richard Lenoir (Paris 11°) où m’attendait un recommandé…

Non parce que le sujet de ce post n’est pas du tout le centre de relation client de La Poste !! Je vais pas non plus te raconter mon boulot… Non non, le sujet de ce post c’est tout simplement les vieux à la Poste.

Je dis vieux, je pourrais dire “retraités” (rapport à mes parents qui sont retraités et qui sont pas du tout vieux).
Mes parents, jeunes retraités et plus actifs que jamais, occupés du matin au soir et embrigadés dans tous les apéros où l’on grignote des cacahuètes (qu’ils touchent jamais) en sirotant le Kir de l’amitié (qu’ils goutent toujours), mes parents donc, sur la lancée de leurs 40 dernières années de vie active vont chercher le pain à 19h ou faire leurs courses pour la semaine le samedi aprèm… Comme de bons vrais vieux (comme de bons vrais retraités) qui se respectent, histoire de dire qu’y a trop de monde…

Habitué à cet état de fait, habitué à aller chercher un truc que j’ai oublié à Leclerc le samedi aprèm midi et à me retrouver coincé à la caisse derrière des petits vieux qui viennent de faire déborder leur caddy (à la caisse moins de dix articles… Parfaitement lecteur !! Je n’oserais pas faire preuve de mauvaise foi !!), habitué à la boulangerie de la rue Oberkampf le soir à 19h, et habitué au bureau de poste de Richard Lenoir le samedi matin, je prends mon bouquin, mon lecteur mp3 et file à la Poste.

J’ouvre la porte, me faufile entre les machines à timbre, et me retrouve dans un bureau désert. Au stand à Colis et à recommandés, deux postières sont là, prêtes à affronter les hordes de vieux du samedi matin, aguerries aux sonotones, formées aux “La dame te demande si tu as apporté ta carte d’identité pour retirer ton colis”, mais irrémédiablement seules.

Je donne ma carte d’identité, et fais mon plus beau sourire…
La postière sent une inquiétude dans mon regard…
Je me hasarde…

L’auteur : “Mais… Ils sont où les vieux ?”
La postière : “Ha les vieux ? On les a formés, ils viennent plus le samedi matin…”
L’auteur : “Formés ?”
La postière : “Ouaip formés. Ils viennent en semaine, entre 14h et 16h…”
L’auteur : “En semaine… Avant la sortie de l’école primaire ?”
La postière : “C’est ça, entre la fin de la pause de midi, et la sortie de l’école primaire… On a appelé ça “l’heure des vieux”, et ça fonctionne pas mal”
L’auteur (déçu) : “Ha… Bon…”
La postière : “Tenez, voilà votre recommandé…”
L’auteur : “Merci”
La postière : Mais dites moi, vous avez vraiment un… très gros recommandé…”

J’arrête là le cours de la conversation qui vient de basculer d’un coup sur une pente des plus savonneuses, et te pose cette question lecteur :
Je fais comment moi maintenant pour terminer mon bouquin ? Hein ? Parce qu’il est écrit en taille 6 sur du papier à cigarette, et même comme ça, avec ses 1 500 pages, il est épais comme un bottin !! Alors si j’ai plus de files d’attentes nulle part, si les vieux désertent nos centres commerciaux et nos bureaux de Poste le samedi, comment je fais moi pour me plonger là dedans et suivre les aventures de ce bon Edmond ??

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Parce que c’est des potes à 3-8

décembre 16th, 2010 by Batiste

Red leader : “Bon les gars, je viens de faire un point avec le centre de commandement déporté, et c’est pas joli joli… On a perdu tout contact avec la station de base !!”
Les gars : “Ha putain…”
Red leader : “Apparemment ça aurait un rapport avec l’extraction d’hier. Je vous apprends rien si je vous dis qu’on s’est retrouvé sous une pluie  de marmites qui a coûté l’existence de pas mal de mes gars… Le centre de commandement déporté pense que pour des raisons encore inconnues on s’est retrouvé dans le système sanguin, puis dans une machine extracorporelle…”
Les gars : “Ha ouai putain…”
Red leader : “Je vais vous la faire courte les gars… Si on a perdu tout contact avec la station de base, c’est parce qu’on a changé d’organisme…”
Les gars : “Pu-tain ?”
Red leader : “Bref, le commandement déporté a jugé tout repli impossible, et a opté pour la prise de contrôle de cet organisme là… Autant vous dire qu’on est pas là pour être ici et qu’il va falloir se sortir les doigts si on veut pas tous y passer…”

Yellow Leader : “Yellow leader à commandement déporté, Yellow leader à commandement déporté, est-ce que vous me recevez commandement déporté ?”
Commandement déporté : “On vous reçoit Yellow Leader…”
Yellow Leader : “Je continue la mission commando de repérage… Aucune opposition dans tout ce qui est moelle… On trouve que des cellules mortes… A croire qu’y a pas que pour nous que ça a chié du parpaing de 16 récemment… On va pouvoir lancer l’opération Reconquista !!

Red leader : “La stratégie globale est assez simple : Un, on prend contrôle de la moelle, Deux, on se diffuse tranquillement dans tout l’organisme !! On est des cellules souches les gars, on est pas venu pour tricoter des pulls pour noël !!”
Les gars : “Ouai putain !!”
Red leader : “Notre unité a été désignée pour être le fer de lance de toute l’opération. Alors laissez-moi vous dire qu’y a moyen qu’on ait pas le temps de se regarder dans le blanc des yeux comme des pucelles !!”
Les gars : “Putain vous êtes drôle chef !!”
Red leader : “Je suis peut être drôle les gars, mais là où on va on va pas trop pouvoir jouer les Zavata !! On doit aller prendre le pont que vous voyez là en petit sur la carte… Et tenir la position jusqu’à ce qu’on soit relevé !!! Et je peux vous jurer que ceux qu’on aura en face seront pas là pour jouer aux cartes”

Le médecin : “On vient de recevoir les résultats de votre greffe, et tout se passe bien… L’analyse montre que 100% des cellules de votre moelle sont issues de celle de votre frère. Vous n’avez plus une seule cellule souche à vous !!”
Le patient : “Putain ?”
Le médecin : “Maintenant, le travail des cellules va continuer… Elles vont un peu s’attaquer à votre peau (on traitera ça, on a l’habitude), à deux-trois autres trucs (on traitera ça aussi, on a l’habitude), et si jamais la chimio a laissé quelques traces de cellules cancéreuses, elles vont s’y attaquer aussi…”
Le patient : “Ouai Putain !!”

Red leader : “Bon les gars, je crois qu’on va se plaire ici !! On est les maître à bord, la bouffe est bonne, et j’ai vu passer pas mal de gonzesses !!”
Les gars : “Ouai putain !!”
Red leader : “Par contre, on va assurer des missions commando pour aller nettoyer tout ce qui pourrait nous emmerder dans les parages… Rien de très grave, mais il se pourrait qu’une fois ou deux on ait pas à faire de la figuration”
Les gars : “Putain zêtes sûr chef pour les missions commando tout ça ?”
Red leader : “Ouai chui sûr ouai !!”

Conclusion 1 : La médecine a quand même fait des progrès depuis le néolithique…
Conclusion 2 : Tu noteras lecteur que les cellules de mon tonton ont à peu près le même vocabulaire que mon papa

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Parce que ces 2 minutes valaient bien 23 ans de boulot (et que cet article (comme son titre) est beaucoup trop long)

décembre 14th, 2010 by Batiste

Chapitre 1 : Où l’on se rend compte que l’auteur a un jour été un enfant

Je dois chanter.
Ou alors non, je dois danser…
Allez, peut être que je chante en dansant !!

Non !!
En fait je dois jouer d’un truc.
Je dois jouer de la basse ou genre…

Je dois jouer d’un truc qui claque !!

Ouai bon, ça va lecteur, je sais que ça claque la basse, mais ça fait pas se lever les foules. Il faut que je joue d’un truc qui fait se lever les foules, et à l’époque la basse ça doit pas aller !!

Là je dois être en train de jouer un truc que je jouerai jamais. De la guitare ou un truc comme ça !! Papa il joue de la guitare lui. Ca claque bien la guitare…

En fait, je dois chanter et jouer de la guitare !!
Et danser aussi peut être…
Ca doit être dur de danser et de jouer de la guitare en même temps… On verra plus tard !!

En attendant, je sais pas mais un truc comme 10 000 personnes me regardent.
Allez peut être même qu’ils sont plus que ça, et puis sur la scène j’ai un groupe qui joue avec moi. Du genre balèze les gars tu vois, et en plus ça serait mes potes.

En tous cas la musique vient de partir à fond les ballons et le public a l’air de kiffer.

Je sais pas quel âge j’ai, mais c’est sûr que je connais pas “kiffer”.
Ils doivent juste être en transe à cause de ce qu’on joue.

… Définitivement avec cette musique, je dois danser aussi…

Avec la guitare ?
De toutes façons je la pose quand je veux la guitare !!
Tiens d’ailleurs voilà je l’ai plus là par exemple !! Et je suis en train de danser…

Adèle rentre dans ma chambre, me trouve comme ça en train de danser, se fout de ma gueule… Alors je gueule mais un truc mais genre mais casse toi putain ça se fait pas de rentrer dans la chambre des gens comme ça allez dégage.

Briseuse de rêves…
En tous cas les 100 000 gars du public ils se foutent pas de ma gueule eux.
Eux, mais ils kiffent eux !!! Parce qu’on envoie du gros avec le groupe et la guitare !!

Tiens, je dois pas encore connaître “envoyer du gros” non plus…

En tous cas j’en ai rêvé.
De la scène, du public en délire… Du groupe quoi !!
Ca a un peu évolué après, rapport à ce que je me suis rendu compte aimer comme musique déjà, et rapport au public en délire qui a rien à voir avec la musique…

La musique c’est sourire…

Chapitre 2 : De la musique avant toute chose (et pour cela préfère l’impair)

10 ans qu’on en parlait avec Jeanro.
Mais alors quand on sera grand !! Installés et tout, qu’on aura du temps pour faire ce qu’on veut, débarassé du lycée (rahh le lycée), et puis qu’on aura du matos aussi !! Mon piano à côté de ta batterie… Et qu’on sera bons aussi !!
T’imagines même pas comment on va kiffer !!

En fait ça fait vraiment pas longtemps que je connais kiffer…

Alors ouai on a commencé comme ça.
Tous les deux, à 25 ans, dans son appart, maintenant qu’on est installé, qu’on peut faire ce qu’on veut, et puis qu’on a du matos aussi… Mon piano à côté de sa batterie !!
Et puis j’ai acheté un sampleur pour pouvoir faire un peu plus…
Et puis on a trouvé un sax, une basse et une guitare… Un studio pour répéter… Et puis une chanteuse aussi…
Et puis…

Et puis au beau milieu d’un morceau, tout le monde parti, tous dans le même royaume, alors que ça tournait… (Mais ça tournait lecteur… Ca tournait…)… Au milieu d’un morceau donc, la pièce s’est teintée de couleurs, et d’un coup j’ai “vu” la musique.

La basse et la batterie m’entouraient, et tout était devenu évident : je ne résonnais plus ni accords ni gammes, mais j’entendais ce que je pouvais jouer et il suffisait que je l’écoute pour que les notes se dessinent sur mon clavier…
Alors j’ai écouté, et j’ai joué, au beau milieu de couleurs…

J’ai levé la tête, et Jeanro me regardait les yeux ronds.
On s’est regardé.
Et on a souri.

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Parce que tout ceci ne remplacera pas le reste

décembre 2nd, 2010 by Batiste

J’étais arrêté à un feu rouge en vélib, sagement en train de fouiller mon nez avec mon index histoire de trouver un truc à me mettre sous la dent : il faisait un froid à s’en mettre un pull, et j’aurais pas fait le rechigneux devant quelques calories trouvées par là le temps d’attendre que le feu passe au vert.

En temps normal, je me serais jamais retrouvé avec un doigt dans mon nez.

En temps normal, j’aurais déjà été au moins à Père Lachaise en train de fureter au milieu du carrefour pour arriver lancé dans la côte de Gambetta qui me rapproche un peu plus de mon piano et du batteur qui va avec… Mais là bon… La voiture de flics s’étant glissée juste derrière moi à Parmentier, un petit arrêt les doigts dans le nez s’est avéré opportun quand le feu est passé au rouge…

C’est alors qu’elle est arrivée.
Pliée en deux, toute vieille, toute dame, toute emmitouflée dans moultes pelures de vêtements dont seul un bout de nez dépassait, elle s’est postée à l’orée du passage piéton.

Petit coup d’œil au feu piéton : Vert… Rouge !!
Elle s’élance sur l’asphalte… Je retiens mon souffle…

Je retiens mon souffle lecteur parce qu’à Paris on utilise souvent le “théorème de la vieille dame”, et à cet instant, tel un Newton lâchant des pommes du haut d’un escabeau histoire de vérifier que c’est effectivement une méthode comme une autre pour faire de la compote,  je me retrouve prêt à vérifier pour le bien de l’humanité la véracité d’un théorème qui régit depuis des siècle les traversées de rues dans la capitale…

Le théorème de la vieille dame dit exactement ceci : “A Paris, quand le feu piéton passe au rouge, il reste assez de temps avant que le feu des voitures passe au vert pour qu’une vieille dame qui vient de mettre un pied sur la route finisse de traverser “…

La vérification d’un tel théorème, tu l’auras compris, nous laisse entrevoir le champ gigantesque des avancées possibles dans le domaine de la traversée de rue en courant quelle que soit la couleur de quelque feu que ce soit… Je retiens donc mon souffle…

La vieille dame ne faiblit pas, elle traverse, arrive a milieu du passage piéton, jette un coup d’œil au mec en vélib et à la voiture de flics qui sont là (à croire que le jeune en tee-shirt retient son souffle), continue à glisser l’une devant l’autre ses charentaises dont deux chevilles trop grosses dépassent, se presse pas trop, pose un pied sur le trottoir… Vert !!

On va se gaver !!!!

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Parce que c’est annuel

novembre 26th, 2010 by Batiste

J’aime pas me répéter, mais il faut quand même que je précise que tout ce qui suit s’est vraiment passé comme ça (surtout la chute)

- Bon !!! Vous venez pour quoi vous ?”
- Un certificat médical…
- Haaaa, super !! C’est rapide les certificats médicaux !! Pfiouuu, parce que je suis en retard aujourd’hui (NDB : Comme tous les ans). Bon alors c’est quoi comme sport ?

Elle me met le bras dans une machine qui prend la tension toute seule

- Du hand.
- C’est bien le hand… Vous allez bien sinon ?
- Ben oui mais je voudrais vous montrer un grain de beauté que j’ai là… (NDB : Je pointe mon tee shirt avec mon doigt, mon grain de beauté est sous mon tee shirt pour ceux qui voudraient venir le voir)
- Ho vous savez les grains de beauté, je sais pas trop moi… Je vais vous faire une ordonnance pour aller voir un dermato !! Ils ont tout les dermatos, des loupes et tout !! Bon 12-8 c’est parfait. Vous êtes sportif ?

Elle m’enlève le bras de la machine qui prend la tension toute seule

- Boah…
- Je mets “en compétition” aussi pour le hand ?
- Ben oui
- Bon c’est bien !! Vous avez besoin d’autre chose ?
- Ben non (NDB : Je suis pas venu faire mes courses)
- Bon alors ça fera 23 euros (NDB : pour la sécu)
- Voilà
- Merci !! Au revoir !! Autrement… Vous êtes en bonne santé non ?

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Parce que c’est pas toujours facile

novembre 19th, 2010 by Batiste

Posté à la proue du lit, j’observais un petit matin tellement balbutiant qu’il arrivait pas  à faire sonner mon réveil. Faut dire que c’était pas un petit matin des plus pressés - je devais absolument faire un saut à Franprix avant d’aller retrouver mes consultants, ce qui me mettrait définitivement en retard - et mon réveil a tant attendu avant de sonner que je me suis levé avant lui.

Quelques minutes plus tard, tout frais pas rasé, ébouriffé et arborant fièrement mon beau tee-shirt Superman, je finis par descendre l’escalier, trop en avance sur un Franprix qui n’ouvrirait qu’une heure plus tard (le fourbe). C’est ce moment là que le destin à choisi pour me faire croiser ma voisine de tout en bas (que je ne connaissais pas).

Bien évidemment lecteur, je m’amuse pas à travestir ma vie pour te faire rigoler et la conversation qui va suivre est retranscrite mot pour mot !!

La voisine (dans sa tête) : “Mais quel beau jeune homme…” (bon ça peut être que j’invente)
Le jeune homme (dans sa tête) : “Ho mon dieu, une vieille !! Et moi qui n’ai pas mis d’eau de Cologne…”
La voisine : “Bonjour, je suis votre voisine de tout en bas !! Vous êtes à quel étage vous ?”
Le bon voisin (souriant) : “Au dernier !!”
La voisine : “Au fond du couloir ?”
Le gentil voisin : “Non non, juste en haut de l’escalier”

Je sais lecteur, c’est un peu poussif, mais c’est là que ça devient intéressant…

La voisine : “Et alors comme ça vous êtes étudiant ?”
Le voisin (qui venait de perdre 8 ans, et dont barbe naissante cachait à merveille ce tout petit début de calvitie qui lui va si bien…) : “Non non, je travaille… Je suis ingénieur”
La Voisine : “Et ingénieur en quoi ?”
Le Voisin : “En télécommunications…”
La Voisine : “Mhhhh, ça veut dire que si j’ai un problème avec ma freebox, vous pouvez m’aider ?”

La classique.

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Parce que c’est la Toussaint

octobre 30th, 2010 by Batiste

Petit texte écrit dans un train un peu avant la Toussaint 2007…

Chapitre 1

La gare de Dax.
La nuit avait pas été facile et le voyage avait été un petit moment de rigolade avant de retrouver maman.

Adèle s’est mise à pleurer dans la voiture, mais moi j’ai pas craqué en conduisant.
On a dit que c’était le moment idéal. On a dit que son état ne pouvait plus que se dégrader. On a dit qu’elle nous avait fait un beau cadeau en mourant du jour au lendemain, sans préavis et sans souffrir…

J’ai pas craqué non plus quand on est allé à la ferme chercher des œufs pour le week-end. J’ai même pas craqué quand la fermière nous a dit quelques mots pour nous réconforter : J’ai craqué sur le chemin du retour à la maison quand Adèle a demandé si elle pourrait aller lui faire un bisou pour lui dire au revoir. A cet instant, tous les mots qu’on avait dit jusque là étaient brutalement devenus une réalité : Amatxi était morte et on était là pour lui dire au revoir.

“Je peux conduire Batiste, arrête toi sur le côté et je conduis…”
Je faisais non de la tête. Sans lâcher le volant, sans tourner la tête, mais des larmes coulaient sur mes joues. Je voulais pas pleurer devant maman, je voulais pas la rendre encore plus triste.

A la maison, il a vite fallu faire à manger, préparer la nuit, discuter de l’emploi du temps du lendemain. La Logistique devait nous occupait l’esprit, mais tous les instants nous ramenaient à elle. Fini le vélo, les tartes aux poireaux ou les omelettes aux patates, les tours dans le bois et Amatxi… Son lit était vide, sa maison semblait être morte avec elle.

Chapitre 2

“Qu’est ce qu’on marque sur ce bouquet ?”
“Vous allez marquer… A Amatxi !! Non vous allez marquer : A notre Amatxi adorée !!”
En 4 mots Adèle avait tout résumé…
La fleuriste a rien vu. Maman a tout capté quand elle s’est tournée vers moi.

Chapitre 3

Ils sont tous venus. Tous les cousins, même des qu’on avait pas vu depuis 15 ans.
Amatxi était déjà dans son cercueil, les yeux de mamans ont rougis quand la porte s’est entrouverte et je l’ai prise un bon moment dans mes bras… Elle m’a souri et m’a dit “Elle risque plus revenir, ils m’ont dit qu’ils ont remplacé son sang par du sérum… C’est fini maintenant…”
Je devrais la prendre plus souvent dans mes bras…

Je voulais pas aller la voir toute morte…  Je voulais garder un autre souvenir d’elle, même de la fin quand elle était malade, me regarder avec de grands yeux étonnés et me dire après 25 ans de complicité : “Haaaaaaa… Alors c’est toi Batiste…”, en forme et pleine de vie, sa tête déjà à d’autres étages.

Adèle a redemandé à maman si elle pouvait aller la voir pour lui faire un bisou. “J’ai l’impression que si j’y vais pas je l’abandonne… Je lui avais dit que je reviendrais la voir… Je veux lui dire au revoir…”.

Chapitre 4

Adèle comprenait pas qu’on aille à l’église, Pantxo et Xomin non plus… Mais il se trouve qu’y a aucun autre endroit où les gens peuvent se réunir (si on veut pas enterrer Amatxi en 10 minutes comme des voleurs), et puis c’est ce qu’elle aurait voulu…

Adèle avait choisi les musiques d’entrée et de sortie, et la musique nous a pris à la gorge dès qu’on est rentré. Elle avait choisi des trucs qu’Amatxi aimait, et tout est remonté à la surface. Je tenais maman par le bras juste derrière le cercueil et je savais qu’elle pleurait.

On s’est aligné tout serré à 6 sur le premier rang, maman, Jean Pierre, Pantxo, Xomin, Adèle et moi, et on a pas écouté un traitre mot de ce qu’a dit le prêtre (On avait voulu écrire des textes pour parler d’elle mais on a dû se taper les inepties habituelles…).

On était dans nos souvenirs, à se rappeler d’Amatxi, et à fixer la boite dans laquelle elle était. Adèle était effondrée sur l’épaule de maman et arrêtait pas de lui parler tout doucement, les yeux des cousins étaient rouges, et mes yeux allaient entre le cercueil et les murs de l’église de Tartas.

“Ca va être le plus dur le cimetière…” elle avait dit maman, mais ça a pas été si dur que ça. C’est resté simple. Sans cérémonial particulier. On avait fait péter le protocole du prêtre, et on a regardé en un tas de proches agglutinés le cercueil se poser au fond du trou d’où il ne ressortirait pas… Les bouquets de fleurs faisaient légion, et je suis resté fixé un petit moment sur celui qui disait “A notre Amatxi adorée”.

Le retour à la maison a remis tout le monde d’aplomb. Tous les cousins étaient là, et tout ça s’est transformé en vaste réunion de famille.

Chapitre 5

Dans le train du retour, Adèle me fait un “j’arrive pas à y croire qu’on reverra pas Amatxi moi…”
Je pleure…
“Vas y pleure Batiste, ca fait du bien… Dis moi ce que t’as à dire…”
Je fais non de la tête…
“Elle était malade, ça allait s’empirer, c’est mieux comme ça… Allez dis moi…”
Je fais non de la tête.
“Allez dis moi…”
“Ca enlève pas le reste…”

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Parce qu’il est pas venu pour rien

octobre 24th, 2010 by Batiste

Bon ok il a les mains calleuses, mais dans son costard blanc ça ne se voit pas.

Il le met tous les ans ce costard. A chaque fois qu’il vient à l’assemblée générale histoire d’être crédible devant ces chefs d’entreprises… Pour qu’on oublie un peu ses mains calleuses.

Le reste du temps il n’en a pas besoin.

D’ailleurs il n’est pas bien à son aise dedans, mais ça ne se voit pas. Il est sûr que ça ne se voit pas : comment pourrait-on faire la différence entre quelqu’un qui porte un costard tous les jours et quelqu’un qui en porte un une fois par an…

Et puis il est important ici : s’il est invité à l’assemblée générale, c’est parce qu’il en a un bon petit paquet, des actions. Il a tout mis là dedans d’ailleurs. Ca lui sert de retraite.

Elle tourne pas mal cette boite…

Faut dire que c’est pas avec ce qu’il gagnait quand il travaillait qu’il aurait pu mettre de côté. A peine de quoi faire tourner la machine. Les dernières années, il perdait de l’argent : les prix avaient chuté à cause des centrales d’achats…

Ils avaient fait une action même, et ils étaient passés à la télé.

C’est bien qu’ils fassent ça ici, au cœur de la boite. Ca permet de venir à la Défense et puis de voir tous ces consultants qui travaillent… Une vraie ruche. Il a travaillé lui aussi. Toute sa vie. Et c’était autrement plus fatiguant. Tout ça pour quoi ? Survivre… Et il s’en serait jamais sorti sans les subventions.

D’ailleurs il aurait pas vendu l’exploitation, il aurait rien…

Mais là, la plaquette annonce un million de dividendes en tout, et comme il a acheté 5% des actions… C’est bien ces placements dans les nouvelles technologies. On lui présente tout. Tous les chiffres, la stratégie, et la boite a encore fait 9% de croissance cette année, avec moins d’employés que l’année dernière…

A la fin on leur demande s’ils ont des questions, et il en pose une. Boh, rien de méchant pour ces chefs d’entreprises. Ils lui répondent sans problème. Il leur fait totalement confiance pour gérer l’argent de toute une vie…

Après le pot, il repart. Sourire à un consultant qu’il croise dans le couloir. Ils ont le droit de venir en basket ? Il croit qu’il a peut être un peu trop abusé du champagne… D’ailleurs les charmantes hôtesses de l’accueil lui sourient aussi…

Sa question c’était : “J’ai remarqué que les salaires des jeunes embauchés sont repartis à la hausse après une baisse pendant la crise… Comment comptez-vous faire pour limiter la hausse des salaires… Qui ronge votre marge ?”

Elle est belle d’ailleurs leur marge… Mais en limitant les salaires elle serait encore plus belle… On fait pas n’importe quoi avec son argent quand même…

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