Archive for the 'La vie est belle...' Category

Parce que c’est court

août 30th, 2011 by Batiste

Ca y est !!

Après plus d’un an de travail acharné,
Après avoir fait des gammes en veux-tu en voilà,
Après avoir bossé tous les jours de 21h à minuit à faire des “gling gling gling” juste sous mon lit,
Avec un doigt, puis avec deux doigts, puis avec un doigt puis deux doigts…
Mon voisin de dessous est en train de jouer son premier morceau de harpe !!

C’est jolie la harpe…
Ca berce…

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Parce que c’est pas souvent…

août 6th, 2011 by Batiste

C’était deux roumains.
Deux roumains qui parlaient roumain entre eux.

Deux roumains qui parlent roumain…
Je le sais qu’ils parlaient roumain, ils sont montés dans le métro juste devant moi alors que j’étais en train de lire sur un strapontin…

Si on vient me le demander (ou s’il me vient à l’idée de dénoncer les gens qui parlent pas français), je pourrai le dire moi que ces deux roumains là ils parlaient roumain !!!
Et qu’ils connaissent sans doute pas la Marseillaise…
Par les temps qui courent, faudrait peut être que je m’y mette à dénoncer ce genre de trucs…

En plus l’un des deux était tout gros.
Plus tout jeune en plus, et tout gros.
C’est ça de voler des poules !! On croit que ça fait maigrir parce qu’il faut courir après, mais en fait ça fait grossir parce que c’est les plus grosses poules qui courent le moins vite…
Alors ça mange de la grosse poule, et ça finit tout gros.

L’autre était tout jeune et tout mince.
Il devait avoir 25 ans et les yeux bleus (je suis sûr pour les yeux lecteur, il était à 1m de moi), et arborait un grand sourire.
Un grand sourire de roumain pas net qui doit avoir des choses à se reprocher.
Ca a des choses à se reprocher les étrangers.
Pas toujours non… Mais souvent en tous cas…

Ils avaient choisi leurs instrument en fonction de leur taille.
Le petit avait une clarinette, et le gros un basson (Phrase typique des blagues de Melon et Melèche…).

Bon lecteur, un basson dans le métro on peut dire que c’est pas tous les jours.
On a du violon pas mal, on a de l’accordéon beaucoup. Pas du super accordéon hein. De l’accordéon moyen on verra ce qu’il faut faire comme accords quand on aura le temps… On a de la guitare aussi, de la pas top souvent, de la pas mal aussi.
Mais pour tout te dire, du basson et de la clarinette j’avais jamais vu.

Surtout que ça joue quoi du basson et de la clarinette ?

Ca a pas l’air facile le basson.
Déjà les gars se taillent eux-même leurs hanches (et est-ce qu’ils appellent ça des hanches ?), et puis y a des trous sur les clés, voire des trous sans clés…
Le genre de truc pas facile…

“Trois - Quatre” (j’ai pas bien entendu comment on dit “trois” et “quatre” en roumain)

Rohhhhhh le son…
C’était pas un son de métro que je joue parce qu’il faut bien…
C’était un vrai son de mecs qui bossent leur son.
C’était le son qui fait plaisir que j’aimerais bien que mes cuivres ils fassent des nuances comme ça…

Bon alors lecteur, un basson et une clarinette dans le métro ça joue du classique…

Les gars devaient avoir fait le concervatoire de Budapest.
Une dextérité de malade… Mais une dextérité de malade au service du son.
Pas d’esbrouffe… Pas de “Allez regarde comme je vais vite avec mon basson !!!”… Non, de la musique qui met plein de couleurs dans le métro et qui fige les sourires…

Ils nous ont tenu trois stations. 2 morceaux. Tranquilou. Un sourire collé au visage du clarinétiste entre les deux morceaux. Un sourire de musicien…
Au deuxième, j’en connaissais une version avec des paroles.
Des paroles qui allaient bien avec le tableau des roumains concertistes, rejetés partout, par tout le monde, et dont la musique aérienne emplissait les coeurs…

Alors j’ai chanté.

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Parce que ça n’a pas de prix

août 4th, 2011 by Batiste

On s’est regardé les mains sur les hanches. Le sourire aux lèvres.
Jeanro a fait un imperceptible mouvement de tête, et on s’est mis à galoper.

On a balancé nos tee-shirts sur la plage, le sable volait sous nos pieds, et on a commencé à se pousser du coude.

Quand on fait la course, on se pousse du coude.
C’est normal, c’est des petites poussettes, c’est pas tricher.

Tricher c’est mettre des chaussures qui courent vite.
Là on a pas de chaussures, on peut pas tricher !!

Alors on se pousse du coude et on glousse.
On glousse parce qu’on sait que personne va gagner, et qu’on va plonger en même temps…

Des fois y en a un qui s’arrête pour faire 5 secondes de Baywatch, une main sur le front, l’autre mort de rire… Mais là on s’est pas arrêté. On a couru comme des fous.

Je crois que les gens se sont demandés qui c’était les deux fous qui couraient en gueulant.
Parce que nos gloussements s’étaient transformés en franche rigolade, en “comment tu me pousses du coude !!”…

Le sable vole plus, il est mouillé.
Plus que quelques mètres avant l’impact, l’odeur des embruns tout autour de nous…

Flashcth, flachcth, flachcth.

Un dernier coup d’oeil et de coude, et on est en l’air.
Au dessus de la crête d’une vague en fin de vie…

On prend la vague suivante et un gros bouillon.
On se dit que des fois elle est froide, mais que là elle est bonne.
Et on se rappelle que tant que ça sera comme ça, la vie sera belle, et que ça sera tant mieux…

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Parce qu’elle a pas d’idée

février 11th, 2011 by Batiste

12 ans plus tôt… Un jour.

Les photos, on les prenait par pellicules de 32, en 100 ASA, et puis on verra le résultat en septembre, alors c’était toujours un peu l’aventure d’aller les chercher chez le photographe.

Avec le Canon de maman, j’avais le droit d’en prendre de temps en temps, mais fallait faire bien attention à mettre la petite tige dans le petit rond pour que la photo soit exposée juste comme il faut.

Le photographe, lui, c’était un gars tout petit qui arrivait toujours à nous prendre de haut.
Il avait une vitrine pleine de photos d’enfants posés contre des colonnes romaines, des parapluies à flash pour les photos d’identité, et il disait “Non mais regardez, bon vous la voyez votre photo là, ben chez Leclerc ils les passent dans le bain comme ça et puis ils s’en foutent, alors que moi quand je vois ça, bon ben je refais un tirage plus contrasté !!”
Et puis il disait aussi “En même temps pour des photos de ce niveau…”.

Papa avait donné l’argent, pris les photos et la parole :

Mon papa : “J’ai entendu qu’ils allaient sortir des appareils photo qui marchent avec les ordinateurs… Vous voyez ça comment vous ?”
Le photographe : “Le numérique ? Mais c’est de la merde leurs trucs !!”
Mon papa : “Mais c’est toujours pareil, ils vont s’améliorer…”
Le photographe : “Mais les gens y passeront pas… Je le vois moi, si c’est pour avoir des photos pourries… Et puis ils viendront toujours faire développer leurs photos !! Alors on fera peut être un peu moins sur les pellicules, mais aucun problème !!”
Mon papa : “Pas de souci alors…”
Le photographe : “Pas de souci !!”

J’avais regardé le rayon de pellicules. Il était pas si gros que ça…

En sortant, papa avait dit que non, il nous avait pas forcément pris de haut, et puis que quand bien même, c’était toujours bien d’avoir l’avis d’un professionnel qui devait sentir un peu comment ça pouvait évoluer même si lui il était pas d’accord… Ou un truc comme ça.

12 ans plus tard… Une nuit.

Je claque la porte, un sac sur le dos : en route pour Paris.

Le week-end est encore passé trop vite, et comme personne n’est à la maison, je dois aller à pied chercher maman au bureau de votes pour qu’elle m’emmène à la gare.

Depuis que j’ai quitté Bordeaux, mes trépidations girondines m’entraînent d’avantage au pied des vagues que dans les rues secondaires de ma petite ville et, pour la première fois depuis 8 ans, je me retrouve à marcher sur le chemin de l’école primaire.

Il fait nuit, la ville est déserte, et je passe dans le silence de lieux foulés mille fois. Mon dernier jour de CM2 refait surface : sorti de l’école après une journée de jeux, je m’étais promis de garder cet instant en mémoire, et avais fixé ce temps. Je m’étais concentré sur tous les mouvements, les visages, avais enregistré les odeurs et les impressions, la sensation de cette après midi de juin, de l’air chaud s’engouffrant par la fenêtre ouverte de la voiture jusqu’aux reflets du soleil sur le tableau de bord.

Cette expérience d’enfant avait été un tel succès, ces minutes avaient été si invariablement fixées dans ma mémoire, accessibles sans altération à l’adolescent que j’étais par la suite devenu, qu’une évidence m’apparut : il suffirait, si je souhaitais graver irrémédiablement un moment spécial, que je me concentre pleinement sur l’instant, les formes et les sensations, les impressions et les couleurs…

Et c’est ce que j’ai fait.
Au prix d’inévitables “C’est quoi la tête que tu fais là ?” quand je me faisais gauler, j’ai mémorisé quelques instants dont je ne voulais pas me défaire, quelques regards, quelques sensations…

Mais la mémoire est ainsi faite que le rappel de cette fin de journée de CM2, de ce premier souvenir de mémorisation volontaire, a ramené tous les autres à la vie. Je me retrouve un soir sous une coupole, je sens mes doigts glisser entre les rayons du soleil matinal, je me retrouve devant des regards heureux, des cils mouillés… Et j’entends pas mal de “C’est quoi la tête que tu fais là ?”…

Entouré des spectres de ma vie passée, j’entre dans l’ombre du parc, et je sais que petit, j’aurais eu peur de la masse sombre des arbres dont l’immensité m’impressionnait…

Le bureau de votes n’est plus qu’à quelques mètres.

Le bureau de votes

La mairie, elle, regorge de monde.
Le maire s’est un peu fait piquer la main dans le sac, et pour la première fois depuis 40 ans (pour la première fois tout court), la majorité municipale peut changer de bord…

Alors ça dépouille. Les responsables de bureaux fixent les tas de bulletins au milieu d’une fourmilière : les co-listiers de tous bords passent d’un bureau à un autre, se communiquent les tendances, la moitié de la ville est là, discute, annonce le cataclysme…

Maman est au beau milieu, en pleine discussion avec l’ancien photographe

Ma maman : “Batiste, tu te souviens de l’ancien photographe ?”
Batiste : “Oui, je m’en souviens bien”
Ma maman : “Et bé voilà mon fils Batiste qui fait quelques photos aussi…”
Le Photographe : “Argentique ou numérique ?”
Batiste : “Numérique…”
Le Photographe : “C’est ça qui nous a tué le numérique…”
Batiste : “Ha ?”
Le Photographe : “Ben ouai !!! Alors qu’on était à 200 pellicules jour (les bonnes semaines hein, les semaines de retour du ski, ou fin août…) Et bé on est tombé à moins de 10 Pellicules par semaine !! J’ai même téléphoné au fournisseur de la machine (oui hein parce que les machines, même si on fait pas de tirage, les bains ils se vident toujours un peu hein, alors quand on est à 10 pellicules par semaine, on perd plus que ce qu’on gagne), et le gars il m’avait donné les codes pour un mode spécial de moins de 10 pellicules par semaine…”
Batiste : “Non…”
Le photographe : “Si. Et puis ça nous est tombé dessus comme ça, on a rien vu venir…”

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Parce que ces 2 minutes valaient bien 23 ans de boulot (et que cet article (comme son titre) est beaucoup trop long)

décembre 14th, 2010 by Batiste

Chapitre 1 : Où l’on se rend compte que l’auteur a un jour été un enfant

Je dois chanter.
Ou alors non, je dois danser…
Allez, peut être que je chante en dansant !!

Non !!
En fait je dois jouer d’un truc.
Je dois jouer de la basse ou genre…

Je dois jouer d’un truc qui claque !!

Ouai bon, ça va lecteur, je sais que ça claque la basse, mais ça fait pas se lever les foules. Il faut que je joue d’un truc qui fait se lever les foules, et à l’époque la basse ça doit pas aller !!

Là je dois être en train de jouer un truc que je jouerai jamais. De la guitare ou un truc comme ça !! Papa il joue de la guitare lui. Ca claque bien la guitare…

En fait, je dois chanter et jouer de la guitare !!
Et danser aussi peut être…
Ca doit être dur de danser et de jouer de la guitare en même temps… On verra plus tard !!

En attendant, je sais pas mais un truc comme 10 000 personnes me regardent.
Allez peut être même qu’ils sont plus que ça, et puis sur la scène j’ai un groupe qui joue avec moi. Du genre balèze les gars tu vois, et en plus ça serait mes potes.

En tous cas la musique vient de partir à fond les ballons et le public a l’air de kiffer.

Je sais pas quel âge j’ai, mais c’est sûr que je connais pas “kiffer”.
Ils doivent juste être en transe à cause de ce qu’on joue.

… Définitivement avec cette musique, je dois danser aussi…

Avec la guitare ?
De toutes façons je la pose quand je veux la guitare !!
Tiens d’ailleurs voilà je l’ai plus là par exemple !! Et je suis en train de danser…

Adèle rentre dans ma chambre, me trouve comme ça en train de danser, se fout de ma gueule… Alors je gueule mais un truc mais genre mais casse toi putain ça se fait pas de rentrer dans la chambre des gens comme ça allez dégage.

Briseuse de rêves…
En tous cas les 100 000 gars du public ils se foutent pas de ma gueule eux.
Eux, mais ils kiffent eux !!! Parce qu’on envoie du gros avec le groupe et la guitare !!

Tiens, je dois pas encore connaître “envoyer du gros” non plus…

En tous cas j’en ai rêvé.
De la scène, du public en délire… Du groupe quoi !!
Ca a un peu évolué après, rapport à ce que je me suis rendu compte aimer comme musique déjà, et rapport au public en délire qui a rien à voir avec la musique…

La musique c’est sourire…

Chapitre 2 : De la musique avant toute chose (et pour cela préfère l’impair)

10 ans qu’on en parlait avec Jeanro.
Mais alors quand on sera grand !! Installés et tout, qu’on aura du temps pour faire ce qu’on veut, débarassé du lycée (rahh le lycée), et puis qu’on aura du matos aussi !! Mon piano à côté de ta batterie… Et qu’on sera bons aussi !!
T’imagines même pas comment on va kiffer !!

En fait ça fait vraiment pas longtemps que je connais kiffer…

Alors ouai on a commencé comme ça.
Tous les deux, à 25 ans, dans son appart, maintenant qu’on est installé, qu’on peut faire ce qu’on veut, et puis qu’on a du matos aussi… Mon piano à côté de sa batterie !!
Et puis j’ai acheté un sampleur pour pouvoir faire un peu plus…
Et puis on a trouvé un sax, une basse et une guitare… Un studio pour répéter… Et puis une chanteuse aussi…
Et puis…

Et puis au beau milieu d’un morceau, tout le monde parti, tous dans le même royaume, alors que ça tournait… (Mais ça tournait lecteur… Ca tournait…)… Au milieu d’un morceau donc, la pièce s’est teintée de couleurs, et d’un coup j’ai “vu” la musique.

La basse et la batterie m’entouraient, et tout était devenu évident : je ne résonnais plus ni accords ni gammes, mais j’entendais ce que je pouvais jouer et il suffisait que je l’écoute pour que les notes se dessinent sur mon clavier…
Alors j’ai écouté, et j’ai joué, au beau milieu de couleurs…

J’ai levé la tête, et Jeanro me regardait les yeux ronds.
On s’est regardé.
Et on a souri.

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Parce que c’est la Toussaint

octobre 30th, 2010 by Batiste

Petit texte écrit dans un train un peu avant la Toussaint 2007…

Chapitre 1

La gare de Dax.
La nuit avait pas été facile et le voyage avait été un petit moment de rigolade avant de retrouver maman.

Adèle s’est mise à pleurer dans la voiture, mais moi j’ai pas craqué en conduisant.
On a dit que c’était le moment idéal. On a dit que son état ne pouvait plus que se dégrader. On a dit qu’elle nous avait fait un beau cadeau en mourant du jour au lendemain, sans préavis et sans souffrir…

J’ai pas craqué non plus quand on est allé à la ferme chercher des œufs pour le week-end. J’ai même pas craqué quand la fermière nous a dit quelques mots pour nous réconforter : J’ai craqué sur le chemin du retour à la maison quand Adèle a demandé si elle pourrait aller lui faire un bisou pour lui dire au revoir. A cet instant, tous les mots qu’on avait dit jusque là étaient brutalement devenus une réalité : Amatxi était morte et on était là pour lui dire au revoir.

“Je peux conduire Batiste, arrête toi sur le côté et je conduis…”
Je faisais non de la tête. Sans lâcher le volant, sans tourner la tête, mais des larmes coulaient sur mes joues. Je voulais pas pleurer devant maman, je voulais pas la rendre encore plus triste.

A la maison, il a vite fallu faire à manger, préparer la nuit, discuter de l’emploi du temps du lendemain. La Logistique devait nous occupait l’esprit, mais tous les instants nous ramenaient à elle. Fini le vélo, les tartes aux poireaux ou les omelettes aux patates, les tours dans le bois et Amatxi… Son lit était vide, sa maison semblait être morte avec elle.

Chapitre 2

“Qu’est ce qu’on marque sur ce bouquet ?”
“Vous allez marquer… A Amatxi !! Non vous allez marquer : A notre Amatxi adorée !!”
En 4 mots Adèle avait tout résumé…
La fleuriste a rien vu. Maman a tout capté quand elle s’est tournée vers moi.

Chapitre 3

Ils sont tous venus. Tous les cousins, même des qu’on avait pas vu depuis 15 ans.
Amatxi était déjà dans son cercueil, les yeux de mamans ont rougis quand la porte s’est entrouverte et je l’ai prise un bon moment dans mes bras… Elle m’a souri et m’a dit “Elle risque plus revenir, ils m’ont dit qu’ils ont remplacé son sang par du sérum… C’est fini maintenant…”
Je devrais la prendre plus souvent dans mes bras…

Je voulais pas aller la voir toute morte…  Je voulais garder un autre souvenir d’elle, même de la fin quand elle était malade, me regarder avec de grands yeux étonnés et me dire après 25 ans de complicité : “Haaaaaaa… Alors c’est toi Batiste…”, en forme et pleine de vie, sa tête déjà à d’autres étages.

Adèle a redemandé à maman si elle pouvait aller la voir pour lui faire un bisou. “J’ai l’impression que si j’y vais pas je l’abandonne… Je lui avais dit que je reviendrais la voir… Je veux lui dire au revoir…”.

Chapitre 4

Adèle comprenait pas qu’on aille à l’église, Pantxo et Xomin non plus… Mais il se trouve qu’y a aucun autre endroit où les gens peuvent se réunir (si on veut pas enterrer Amatxi en 10 minutes comme des voleurs), et puis c’est ce qu’elle aurait voulu…

Adèle avait choisi les musiques d’entrée et de sortie, et la musique nous a pris à la gorge dès qu’on est rentré. Elle avait choisi des trucs qu’Amatxi aimait, et tout est remonté à la surface. Je tenais maman par le bras juste derrière le cercueil et je savais qu’elle pleurait.

On s’est aligné tout serré à 6 sur le premier rang, maman, Jean Pierre, Pantxo, Xomin, Adèle et moi, et on a pas écouté un traitre mot de ce qu’a dit le prêtre (On avait voulu écrire des textes pour parler d’elle mais on a dû se taper les inepties habituelles…).

On était dans nos souvenirs, à se rappeler d’Amatxi, et à fixer la boite dans laquelle elle était. Adèle était effondrée sur l’épaule de maman et arrêtait pas de lui parler tout doucement, les yeux des cousins étaient rouges, et mes yeux allaient entre le cercueil et les murs de l’église de Tartas.

“Ca va être le plus dur le cimetière…” elle avait dit maman, mais ça a pas été si dur que ça. C’est resté simple. Sans cérémonial particulier. On avait fait péter le protocole du prêtre, et on a regardé en un tas de proches agglutinés le cercueil se poser au fond du trou d’où il ne ressortirait pas… Les bouquets de fleurs faisaient légion, et je suis resté fixé un petit moment sur celui qui disait “A notre Amatxi adorée”.

Le retour à la maison a remis tout le monde d’aplomb. Tous les cousins étaient là, et tout ça s’est transformé en vaste réunion de famille.

Chapitre 5

Dans le train du retour, Adèle me fait un “j’arrive pas à y croire qu’on reverra pas Amatxi moi…”
Je pleure…
“Vas y pleure Batiste, ca fait du bien… Dis moi ce que t’as à dire…”
Je fais non de la tête…
“Elle était malade, ça allait s’empirer, c’est mieux comme ça… Allez dis moi…”
Je fais non de la tête.
“Allez dis moi…”
“Ca enlève pas le reste…”

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Parce que c’est l’exorde

septembre 19th, 2009 by Batiste

J’ai les yeux ouverts.
Le réveil n’a pas encore sonné, mais un rayon de soleil traverse ma chambre.
Je lève le bras, coupe le rayon de ma main, et la regarde dans cette lumière.
Il fait matin, il fait beau, et je joue entre ma main et le soleil.

De la proue de mon lit, le vendredi se dessine doucement entre mes doigts.
Y a p’tit dej au boulot, ça risque bastonner un peu pour le reste de la journée, mais la soirée, prélude au week-end, tiendra sûrement ses promesses.

Pour le moment, j’ai envie de profiter un peu de mon lit.
Avant la douche. Avant la journée. Pour retenir un peu les dernières vapeurs de mes rêves, et figer l’ataraxie du moment.

Nicolas Demorand finit par annoncer le début d’Inter-activ’, synonyme de retard au boulot, je me jète sous la douche.

Bisou.
Elle sourit.
Je pars.

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Parce que c’était ce matin

juin 11th, 2009 by Batiste

C’était pas habituel pour le RER du matin, et il flottait dans la rame comme un chant de moineaux.
Un pioupioutage de début de printemps, celui qu’on entent au moment où les moineaux se rendent comptent qu’ils ont passé l’hiver et déclament leur amour aux moinettes du haut des arbustes (ça vole pas très haut un moineau).
Bref, pas quelque chose de normal…

Le normal dans le RER le matin, c’est le silence…
C’est quand on peut s’émerveiller au loisir de la symphonie des roues sur les voies et de la danse des costards trimballés par les virages.
C’est quand personne ne parle, que seuls des regards de “pardon vous me marchez dessus”, de “Tu me gènes connard”, ou de “T’arrêtes tout de suite de lire par dessus mon épaule” s’échangent entre les voyageurs.
C’est quand tu dois faire preuve d’un gainage parfait pour pas tomber sur son voisin quand le RER freine….
C’est le rêve quoi !!

Mais là il flottait comme un air de printemps au milieu de tout ça.
Je les avais pas vu au début, mais la rame était peuplée de petits d’hommes, et d’une institutrice de l’école Pedro Morales de Cergy Pontoise qui commençait à se décomposer et ressemblait de plus en plus à Marianne Faithfull dans Irina Palm (c’est à dire class mais vraiment pas trop)…

Elle avait décidé d’emmener sa classe de CE1 admirer les tours de la Défense, et pour pouvoir proftier à fond de la matinée ils avaient quitté la classe dès l’arrivée des gosses : à 8h30… Sans se douter que le RER entre 8h30 et 9h30 ressemble plus à un charnier kosovar qu’à un remake de Pokahontas.

Les petits d’hommes étaient entre les gens, par petits groupes de 4 ou 5, et faisaient leur boulot de petits d’hommes.
Vas-y que je te parle de mon papa qui est plus fort que le tien que le mien il a une tronçonneuse, et vas y que moi j’ai eu le droit de regarder “Qui veut gagner des Millions” hier soir, et vas y que je me chamaille !!
Le troupeau de petits d’hommes vivait sa vie de troupeau, comme à la récré, et la faute à la mue qui est pas arrivée, ça faisait comme un bruit de moineaux…

Et les petits d’hommes vivent à fond leur vie trépidante !!!
un exemple : Le RER freine un grand coup.
Bon, le parisien, il avait prévu le coup. En mode RER, il a un pied devant l’aute en lisant son 20 minutes, bien calé pour les coups de frein. Ca freine : même pas mal.
Le troupeau de CE1 lui, réagit comme un seul homme qu’on aurait foutu dans Space Mountain. ca freine : “HAAAAAAAAAAA” (”t’as vu Coraline, ça a freiné !!”), il rigole de la frayeur qu’on vient de se faire (”j’ai bien cru qu’on allait y passer coraline”), et se remet à pioupiouter…

Mon meilleur trajet pour le boulot depuis un moment… Jusqu’à que le gars à côté de moi, cheveux gominés, dise :

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Parce qu’il faut poster !!!

avril 16th, 2009 by Batiste

La journée avait été belle.
Pas tout à fait terminée… Il se rendrait compte plus tard qu’elle était loin de se terminer.

La ligne 1 était blindée, assez normal pour un lundi de Pâques, mais la journée avait été belle et il dodelinait de la tête, des écouteurs sur les oreilles, à regarder les autres monter et descendre au fil des stations.
Dans quelques minutes il serait au Grand Palais, et après on verrait bien si ils iraient au ciné…

C’est à la station Georges V qu’elle est montée.
Perdue dans la foule, elle est montée dans la rame la première… Blonde avec des yeux bleus.

Toujours les écouteurs sur les oreilles, toujours dodelinant et encré dans sa belle journée, son regard se posa sur la blonde : elle avait eu pas mal de goût en assortissant son collant bleu ciel avec un tee-shirt rose d’où sortaient deux bras trop courts et boudinés. La journée de tourisme à Paris avait fait des ravages, son tee shirt rose s’était collé à son gros bide, un bout dépassait en dessous, et ses cheveux lisses se collaient sur deux grosses joues moites.

Elle s’est vite rendu compte qu’elle obstruait la porte : “I can’t go further”, c’est à peu près tout ce qu’elle a eu le temps de dire. Faut avouer que vu sa largeur elle aurait eu du mal à se faufiler dans les couloirs bondés…

Mais tu connais les parisiens… Sont pas là pour coucougner du touriste en perdition.
Et sont “allés further” eux… Ca a ripé du tee shirt rose en passant, secoué de l’américaine inapte aux standards français, et la rame s’est gentiment remplie autour de la grosse tranche de salami… Encore plus essoufflée.

Décidément c’était une belle journée…

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Parce que t’en auras pas… (sauf si t’es gentil)

avril 2nd, 2009 by Batiste

Clac !!
Le canard a rien senti (il était déjà mort depuis la veille) mais son bec a compris ce que le mot hachoir voulait dire…
D’un geste précis, elle l’a détaché du reste de la tête.

Je prends le hachoir.
Clac !!

“Merde !!”

Clac !!

“Merde…”

Clac !!
Clac !!
Clac !!
Clac !!

“Meeeerde !!!”

Clac !!

Un bout de bec se détache de la tête hachée du canard. Bon ça ressemble pas à grand chose mais le hachoir c’est pas mon sport préfèré.
Et c’est parti pour 2 jours dans la cuisine à dépiauter 6 canards, et faire 1 an de foies gras, confits et magrets.
Avec un couteau on va leur enlever ce manteau plein de viande (tu sais les magrets…) qui les gène tant et empêche leur carcasse de respirer tranquillement, dégager délicatement les foies avec les mains, et découper tout ça. Quelques pots et un peu de cuisson plus tard, on pourra dire qu’on a pas chômé pendant le week-end et qu’on a bien mérité les bouts qu’on a gardé et dont on s’est bâfré aux repas…

“Ils sont un peu plus petit cette année non ? Tant mieux, ça veut dire qu’ils les ont peu moins gavés… Ils ont un peu moins  souffert…”

Parce que tu t’imagines bien qu’il y a un paradoxe dans tout ça. La dame a un tablier autour de la taille, de fines lunettes sur le nez, un hachoir dans la main droite et elle taille tout ce qu’il y a à tailler sur des canards cirrhosés, mais elle est un peu ce qu’on pourrait appeler une amie de la nature et des animaux dans le civil !!

Derrière Allain Bougrain-Dubourg dans le Médoc quand il se fait casser la gueule tous les ans par les chasseurs, elle chie  dans la bouche des aficionados (ok ok lecteur, c’est pas très très joli comme tournure, mais c’est tout ce que j’ai trouvé…), sauve les araignées en les prenant dans ses mains pour les sortir dans le jardin (alors que je les prends sur une feuille de papier parce qu’elles me font peur), va manifester pour les faucheurs d’OGM devant les tribunaux, a arrêté de manger de la viande parce que les vaches sont élevées intensivement et trop stressées pendant l’abattage, connait personnellement les poules qui lui fournissent ses œufs, et a préféré laisser ruiner une chambre de la maison plutôt que de tuer LA souris qui s’était installée dans le mur (la chambre a été déclarée insalubre par la fondation Abbé Pierre, et les cloisons vont devoir être abattues maintenant que la pauvre bête est morte de presque vieillesse)…

Enfin, summum du surréaliste quand on connait son aptitude à manier les ordinateurs, elle s’est faite installer par papa un second ordinateur dans ma chambre, avec accès Wifi et logiciels de bureautique pour gérer en temps réel toutes les problématiques d’approvisionnement et de commandes de son AMAP…

“Et encore on vit pas dans une Yourte” aurait dit papa un jour où la souris dansait de la samba à 2h du mat…

Alors je peux te dire que les remords la rongent quand approche le moment de faire les canards… Et les excusent fusent.
Au top 3 des excuses, on aura :

1 - “Mais c’est des canards qu’on connait, on sait qu’ils sont élevés en pleine nature, tranquillement… à compléter leur maïs avec des vers… A la cool… Et que bon… Ils ont eu 2 petites semaines de gavage à la fin…”

2 - “T’aimes les Mc Do non ? Ben peut être que les canards aussi !!”

Et le troisième, imparable :

3 - “Oui mais le foie gras c’est trop bon !!”

Et c’est vrai que le foie gras c’est trop bon, et t’auras deviné que celui de ma maman c’est le meilleur du monde (pour le coup, j’ai des témoins…).

De mon côté, militant à Greenpeace (ben oui lecteur), j’aime bien découper de la bidoche, ça m’évite de faire de funestes passages à l’acte sur mes clients…

A 9 ans déjà (spéciale dédicace), je passais quelques de mes soirées un couteau à la main à bien enlever les bouts de gras qui trainaient sur des cœurs de volaille “Père Dodu” pour ne donner que le maigre à Charlie (mon chat, qu’on avait appelé Charlie parce que tout petit il marchait comme Charlot) qui les attendait assis sur le plan de travail juste à côté de la planche à découper et restait très concentré sur l’enlevage de gras…

Bref, qu’est ce qui se passe quand tu mets 2 écolos amoureux de foie gras dans une cuisine avec des canards morts et une ribambelle de couteau ? Ben il se passe qu’ils font tout un tas de conserves, mais que juste avant on entend assez nettement :

Elle : “Désolée les garçons…”
Lui (plus doucement) : “Et… Les filles ?”
Elle : “Non non, c’est que les garçons normalement qu’ils gavent…”

Encore un coup où les filles font rien qu’à mieux s’en sortir… Ca change de la vraie vie

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