Archive for décembre, 2009

Parce qu’il était tombé

décembre 21st, 2009 by Batiste

Il avait décidé de pousser de biais, et de déployer deux grosses branches à l’horizontale au dessus de la rivière, rien que pour nous. Pour qu’on puisse lui monter dessus en suivant une colonne de fourmis rouge, et choisir notre plongeoir selon qu’on est plutôt plongeon à 3 mètres ou téméraire à 6 mètres.

Faut être honnête et avouer que la rivière non plus avait pas joué les mauvaises filles : de petit ruisseau ardent quelques mètres plus haut, elle se transformait en bassin profond au niveau de l’arbre, d’un bleu à faire pâlir n’importe quelle pastille à chiottes…

Alors on s’est jeté dans nos maillots de bains. Nos tongs se virent catapultées à côté de leurs potes les tee-shirts, et nous nous retrouvâmes à batifoler dans une onde claire… Mais contrairement à toute attente lecteur, le concours de plongeon n’est pas le sujet de ce post…

Le sujet de ce post est vautré quelque part sur une petite route caillouteuse de Vang Vieng, en plein centre du Laos ; Mais ça, on ne le sait pas encore.

Nous, on vient de partir de la rivière.
Looping et Futé (nos chauffeurs…) ont encore poussé la clim à bloc, marmonnent je ne sais trop quoi en Lao sur le poteau électrique renversé quelques minutes plus tôt (de bons chauffeurs oui…), et on attend une seule chose : arriver en ville pour pouvoir se bâfrer d’un poisson de rivière fourré aux herbes et cuit au feu de bois et au gros sel !!
Le van lui, essaie de faire ce qu’il peut pour garder le contrôle entre les nids de poule…

Et au détour d’un virage on les a vus.
Pour tout t’avouer on a d’abord vu leur moto, couchée en travers de la route, pleine de poussière, avec l’air de la moto qu’on a pas posée délicatement.
Un anglais était à côté, les mains ensanglantées, et son pote avait été trainé jusqu’au bord de la route par les villageois.

Clark : “Le chauffeur demande si on s’arrête”
Batiste : “Ben oui on s’arrête non ?”
Clark : “Ben oui…”

En moins de trente secondes les deux anglais étaient dans le van, l’un à enlever des bouts de gravier de ses mains, l’autre monté par les laos et allongé sur la banquette. De ce qu’on saura plus tard, la moto avait simplement pris un peu trop vite le virage et une caillasse, causant une chute, un écorchage de mains, et un cassage de jambe.

L’anglais (entre ses dents) : “F*ck, mmhhhpfff, wh*t a f*ck*ng ro*d… w*th my f*ck*ng br*k*n l*g”
Batiste : “Qu’est ce qu’il dit ?”
Clark : “Il dit qu’il a plus de genou”
Cécile : “Et tu sais où est l’hôpital ? Parce que les chauffeurs ont l’air paumé pour changer…”
Clark : “ouai c’est bon je vais les guider…”

20 minutes.
C’est le temps qu’il nous a fallu pour arriver à l’hôpital sur une route défoncée, où chaque trou crispait un peu plus les machoires de l’anglais.
Enfin je dis hôpital parce que c’est le nom que ça a… Niveau matériel et compétences des soignants ça se rapproche plus d’un dispensaire de campagne pendant la guerre 14/18.
Tout était crade, tout était vieux, et les brancardier qui sont venus tirer l’anglais du van lui ont cassé la deuxième jambe dans la précipitation.

A l’heure qu’il est, l’anglais est mort d’une surinfection chopée dans l’hosto, mais je me demande bien ce qu’elle a pu devenir la moto abandonnée sur le bord du chemin…

Category: C'y possib, La vie ne fait pas de cadeaux, Oui plutôt oui... | No Comments »