Parce que tout ceci ne remplacera pas le reste

décembre 2nd, 2010 by Batiste

J’étais arrêté à un feu rouge en vélib, sagement en train de fouiller mon nez avec mon index histoire de trouver un truc à me mettre sous la dent : il faisait un froid à s’en mettre un pull, et j’aurais pas fait le rechigneux devant quelques calories trouvées par là le temps d’attendre que le feu passe au vert.

En temps normal, je me serais jamais retrouvé avec un doigt dans mon nez.

En temps normal, j’aurais déjà été au moins à Père Lachaise en train de fureter au milieu du carrefour pour arriver lancé dans la côte de Gambetta qui me rapproche un peu plus de mon piano et du batteur qui va avec… Mais là bon… La voiture de flics s’étant glissée juste derrière moi à Parmentier, un petit arrêt les doigts dans le nez s’est avéré opportun quand le feu est passé au rouge…

C’est alors qu’elle est arrivée.
Pliée en deux, toute vieille, toute dame, toute emmitouflée dans moultes pelures de vêtements dont seul un bout de nez dépassait, elle s’est postée à l’orée du passage piéton.

Petit coup d’œil au feu piéton : Vert… Rouge !!
Elle s’élance sur l’asphalte… Je retiens mon souffle…

Je retiens mon souffle lecteur parce qu’à Paris on utilise souvent le “théorème de la vieille dame”, et à cet instant, tel un Newton lâchant des pommes du haut d’un escabeau histoire de vérifier que c’est effectivement une méthode comme une autre pour faire de la compote,  je me retrouve prêt à vérifier pour le bien de l’humanité la véracité d’un théorème qui régit depuis des siècle les traversées de rues dans la capitale…

Le théorème de la vieille dame dit exactement ceci : “A Paris, quand le feu piéton passe au rouge, il reste assez de temps avant que le feu des voitures passe au vert pour qu’une vieille dame qui vient de mettre un pied sur la route finisse de traverser “…

La vérification d’un tel théorème, tu l’auras compris, nous laisse entrevoir le champ gigantesque des avancées possibles dans le domaine de la traversée de rue en courant quelle que soit la couleur de quelque feu que ce soit… Je retiens donc mon souffle…

La vieille dame ne faiblit pas, elle traverse, arrive a milieu du passage piéton, jette un coup d’œil au mec en vélib et à la voiture de flics qui sont là (à croire que le jeune en tee-shirt retient son souffle), continue à glisser l’une devant l’autre ses charentaises dont deux chevilles trop grosses dépassent, se presse pas trop, pose un pied sur le trottoir… Vert !!

On va se gaver !!!!

This entry was posted on Jeudi, décembre 2nd, 2010 at 23:54 and is filed under J'aime la vie je fais du vélo et je vais au cinéma, L'aventure c'est l'aventure..... You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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