Parce que c’était ça ou on y trempait des carottes…
février 2nd, 2009 by Batiste
Elle : “80 coeur” (elle part toujours à 80, on lui a appris comme ça)
Lui : “120 piques (il part toujours beaucoup trop haut, ce qui nous a coûté un petit paquet de courses, de vaisselles, et de passages d’aspirateur pendant une semaine…)… Et dire que ce soir on se refait une fondue”
L’autre elle : “120 piques… Ben… Passe… Vous avez pensé au pain ?”
L’idée de la deuxième fondue avait germé dans nos esprits fatigués quelques heures plus tôt alors qu’on allait rendre les skis. La première de la semaine nous avait laissé des souvenirs fruités dans une bouche sèche, et on avait calculé qu’avec une moyenne de 6 heures de sport par jour sur 6 jours les petits fromages locaux ne pouvaient pas nous faire trop de mal (pour déculpabiliser un peu).
Comme on avait perdu la belotte destinée à désigner ceux qui allait “aller faire les courses”, c’est Jeanro et moi qui avions du traverser la station, hébétés par le jeu des filles qui de toutes façons avaient eu toutes les cartes maîtresses, pour aller chercher le fromage destiné à la fondue…
Et… On avait un peu oublié le pain…
C’est comme ça que l’autre lui s’est retrouvé à courir en tee shirt à huit heures moins une dans les rues enneigées de Val Thorens. L’autre elle avait même pas fini sa phrase qu’il avait bondi de sa chaise pour disparaître dans les escaliers laissant derrière lui la porte ouverte.
La nuit avait préféré les lueurs des étoiles au gigantisme de la montagne, et c’est sous un Orion éclatant qu’il se rua sur la boulangerie en face de l’immeuble (fermée), sur celle dans la première galerie marchande à portée de course (fermée aussi), qu’il scanna en courant le 8 à 8 de Val Thorens (pas de pain) et qu’il traversa la totalité de la station vers son dernier espoir : Le SPAR !!
5 minutes de sprints, ça vaporait sec au sortir de sa bouche, ça picotait un peu au niveau de ses bras, et tous les Hudes le regardaient passer avec effarement.
Ha…
Les Hudes…
Pour faire simple, hors saison Val Thorens fourmille de Hudes, de Fludes et de Gluts !! Eux sont grands, blonds, baissent les barres des télésièges moins de 1 seconde après s’être assis dessus, et dans la station comme dans les hôtels tout est Hude. On nous adressait la parole en anglais avant de se rendre compte qu’on était français (petits et bruns), et dans le couloir de notre immeuble le “Après 22h, merci de la boucler” était écrit seulement en Hude…
La vendeuse : “Hello”
Le fondeur : “Shhhhh Shhhhh, Bonjour, Shhhhh”
La vendeuse : “Kes kseussra ?” (oui oui, à la montagne aussi le charme des boulangères opère à plein)
Le fondeur : “Shhhhh Shhhhh Shhhhh, 3 baguettes, Shhhhhhhhhhhh, s’il vous plait, Shhhhh, madame la boulangère”
La vendeuse : “deux santdis”
Le fondeur : “Shhhhh Shhhhh Shhhhh”
Au retour, Orion était toujours là mais les pisteurs avaient allumés de gros projecteurs pour éclairer la piste de luge de malaaade de Val Thorens, et la montagne est ressortie de son sommeil, toute bleue et jaune, se détachant plus que jamais dans ce noir quasi total.
Elle : “T’as le pain ?”
L’autre lui : “Ouaip”
Lui : “Bon ben on en est 120 piques…”
L’autre elle : “Et j’espère que t’as du jeu parce que quand t’es parti j’ai coinché !! Et on a le nettoyage du truc à fondue en jeu !!”
This entry was posted on Lundi, février 2nd, 2009 at 15:37 and is filed under La vie est belle.... You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.