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Parce que c’était ce matin

juin 11th, 2009 by Batiste

C’était pas habituel pour le RER du matin, et il flottait dans la rame comme un chant de moineaux.
Un pioupioutage de début de printemps, celui qu’on entent au moment où les moineaux se rendent comptent qu’ils ont passé l’hiver et déclament leur amour aux moinettes du haut des arbustes (ça vole pas très haut un moineau).
Bref, pas quelque chose de normal…

Le normal dans le RER le matin, c’est le silence…
C’est quand on peut s’émerveiller au loisir de la symphonie des roues sur les voies et de la danse des costards trimballés par les virages.
C’est quand personne ne parle, que seuls des regards de “pardon vous me marchez dessus”, de “Tu me gènes connard”, ou de “T’arrêtes tout de suite de lire par dessus mon épaule” s’échangent entre les voyageurs.
C’est quand tu dois faire preuve d’un gainage parfait pour pas tomber sur son voisin quand le RER freine….
C’est le rêve quoi !!

Mais là il flottait comme un air de printemps au milieu de tout ça.
Je les avais pas vu au début, mais la rame était peuplée de petits d’hommes, et d’une institutrice de l’école Pedro Morales de Cergy Pontoise qui commençait à se décomposer et ressemblait de plus en plus à Marianne Faithfull dans Irina Palm (c’est à dire class mais vraiment pas trop)…

Elle avait décidé d’emmener sa classe de CE1 admirer les tours de la Défense, et pour pouvoir proftier à fond de la matinée ils avaient quitté la classe dès l’arrivée des gosses : à 8h30… Sans se douter que le RER entre 8h30 et 9h30 ressemble plus à un charnier kosovar qu’à un remake de Pokahontas.

Les petits d’hommes étaient entre les gens, par petits groupes de 4 ou 5, et faisaient leur boulot de petits d’hommes.
Vas-y que je te parle de mon papa qui est plus fort que le tien que le mien il a une tronçonneuse, et vas y que moi j’ai eu le droit de regarder “Qui veut gagner des Millions” hier soir, et vas y que je me chamaille !!
Le troupeau de petits d’hommes vivait sa vie de troupeau, comme à la récré, et la faute à la mue qui est pas arrivée, ça faisait comme un bruit de moineaux…

Et les petits d’hommes vivent à fond leur vie trépidante !!!
un exemple : Le RER freine un grand coup.
Bon, le parisien, il avait prévu le coup. En mode RER, il a un pied devant l’aute en lisant son 20 minutes, bien calé pour les coups de frein. Ca freine : même pas mal.
Le troupeau de CE1 lui, réagit comme un seul homme qu’on aurait foutu dans Space Mountain. ca freine : “HAAAAAAAAAAA” (”t’as vu Coraline, ça a freiné !!”), il rigole de la frayeur qu’on vient de se faire (”j’ai bien cru qu’on allait y passer coraline”), et se remet à pioupiouter…

Mon meilleur trajet pour le boulot depuis un moment… Jusqu’à que le gars à côté de moi, cheveux gominés, dise :

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Parce que vous l’avez cherché

juin 9th, 2009 by Batiste

2 jours que ça dure.
Deux jours qu’on est retourné en novembre : Une pluie fine et persistante rythme nos journées, le thermomètre est repassé sous les 15 degrès, et ma grenouille boude et refuse de monter sur son échelle…
Les enfants tombent malade, les autites se multiplient… A ce rythme, on aura pas besoin d’attendre l’automne pour vacciner tout le monde contre la grippe porcine, il faudra le faire début juillet !!

Mais…
Une fin de printemps et un été pourri… Une vaste vengence de la météo… Ca te rappelle rien lecteur ?

2007 !! (bravo pour ceux qui suivent…)
La météo avait décidé de faire la gueule du 6 mai jusqu’à la fin de l’été. Pas un seul barbeuk, pas un seul apéro terrasse… RIEN !!!
(Pour ceux qui ont la mémoire courte, voilà les liens , et (à lire autrement tu vas rien comprendre :p))

En 2009… Tout avait bien commencé !!
Le petit bar à fruits en bas de chez moi ne désemplissait pas, la rue Montorgueil n’était plus que terrasses, les places pour les piques niques se faisaient rares en fin de week end sur le Pont des Arts, et Bordeaux la belle nous avait déjà donné l’occasion de taquiner les vagues à plus de 30°…
Pour un mois de mai c’était pas mal, et la suite s’annonçait prometteuse… Mais voilà : l’Accident !!

Rappel des faits :
6 mai 2007, Sarko (je te vois) est élu président de la République Française.
La météo, grande gauchiste et écolo à ses heures, commence à faire la gueule. Les législatives arrangent rien et c’est tout le printemps qui part en eau de pluie. Joël Colado savait plus où se mettre dans le studio de France Inter pour nous annoncer la chute des températures, l’arrivée de l’hiver, et le retour des Rennes dans nos régions… Rappelle toi lecteur, c’était la merde !!

7 juin 2009, Sarko remporte les élections européennes… 2 jours de flotte… (sanction)
Et c’est que le début…

Votez pour le beau temps la prochaine fois bordel !!

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Parce que ça a rebondi

juin 5th, 2009 by Batiste

3-8 (Si tu sais pas qui est 3-8, tu peux aller voir , et ) a dit qu’il fallait vraiment tout faire ici, qu’on était dans une gargote dirigée comme un hôtel de passe de Bangkok, que s’il fallait qu’il fasse la journée en plus de la nuit il allait falloir l’augmenter sérieusement, que ok pour cette fois il remettrait tout d’équerre, mais qu’il faudrait pas compter sur lui la prochaine fois pour assurer le réveil !! Et j’ai ramassé mon livre (vraiment là lecteur, il faut suivre un peu… je te fais la suite de l’article qui est juste avant…).

Il se passe dans le métro pour moi, à Marseille pour Fabio, et au fil des stations qui vont de la maison au boulot je me retrouve sur des corniches au milieu d’effluves de bouillabaisse qui changent pas mal des odeurs habituelles du métro. Le but du jeu est d’avaler un maximum de pages sur la demi heure où je serai trimballé en souterrain pour suivre les digressions de Fabio, ancien flic qui a pas fini de régler ses comptes avec le Milieu, et qui vit au milieu de ses envies de musique, de bouffe, et de ses souvenirs…

La Trilogie Marseillaise m’emporte loin de l’odeur du gros monsieur qui sent de sous les bras, un bouquin y est déjà passé, ce matin là je suis en train de terminer le deuxième… Et je peux te dire que ça chauffe au gros bois !!!
Fabio est acculé, un mafieux en face de lui, et va falloir qu’il assure pour s’en sortir… Je suis sur un strapontin, les yeux rivés sur mon bouquin…

Coup de feu !!!

Non…
Je lève la tête. Une parisienne est en train de me regarder.
40 ans, tailleur vert, un peu maquillée et les cheveux tirés en arrière.
“C’est juste ouf le rebondissement là !! Zavez vu ?”
Elle baisse la tête, replonge dans son métro comme si elle savait pas de quoi je parlais….

Je retourne à mon livre… Aucun sens du rebondissement ces parisiens…

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Parce que bam quoi !!

mars 27th, 2009 by Batiste

C’était à noël.
Juste au moment où Adèle fait arrêter manu militari l’orgie pour ouvrir les cadeaux (minuit pile en général, minuit moins cinq les années où on peut plus la tenir). Papa m’avait offert “Bleu Pétrole”, et ça avait fait à peu près comme ça :

Le papa : “Tiens !!”
Le garçon : “Trop bien !! Je voulais l’acheter !!! … Tu savais qu’il avait annulé ses dernières dates ?”
Le papa : “Il est pas au top apparemment…”
Le garçon : “Ha ben les cancers !! Ca pardonne pas !! T’en sais quelque chose !!” (qu’est ce qu’on rigole en famille !!)

Et il était pas vraiment au top.
Il aura pas pu reprendre ses concerts après une dernière apparition aux victoires de la musique, a déménagé vendredi dernier au Père Lachaise, et ceux qui l’ont accompagné n’avaient que ces mots aux lèvres :

“Aujourd’hui c’est vendredi et je voudrais bien qu’on m’aime…”

J’avais ressorti depuis une ou deux semaines “Bleu Pétrole” et “Fantaisie Militaire” qui trainait aussi dans un coin de mon appart, et m’étais (re)plongé dans son univers. Je vais pas te faire une nécro ou un article sur Bashung, j’en serais bien incapable et ça a déjà été fait 1 000 fois, mais te parler d’une chanson en particulier…

Et c’est pas souvent qu’une chanson me fait cet effet.
La première fois c’était en prépa. Je venais d’acheter “Trio in Tokyo”, l’avais mis en fond pour bosser sur un truc de math dont j’ai jamais trouvé la solution, les chansons défilaient alors que grattais des tas de trucs absorbé par mon bout de brouillon, et je me souviens m’être arrêté d’un coup.
J’avais relevé la tête au beau milieu d’un morceau, les yeux ronds, englobé dans une sensation toute particulière, des décharges d’adrénalines en continue, des fourmis dans les mains, et une chair de poule généralisée.
J’étais face à une évidence, face à quelque chose qui me parlait physiquement, et m’étais mis à jubiler, sans pouvoir contrôler ni l’adrénaline ni la sensation de plénitude que ce petit trio faisait naître en moi…

Et depuis plus rien.
Plus rien de ce niveau là en tous cas.
Jusqu’au moment où j’ai écouté ce morceau de Bashung.
Je pourrais pas te dire ce qui dans ce morceau me fait ça, mais je sais que ça me prend dès les premières notes.
Les décharges déchargent, les fourmis foncent jusque dans mes mains, je me retrouve dans un tourbillon de mots, frappé par les images, hypnotisé par sa voix. La musique sautille et prend du volume alors que mes yeux s’écarquillent…
Vénus… Vénus…
Et il reprend tout, recommence depuis le début, utilise les mêmes mots, les mêmes images, et change tout. Les raccourcis entre les images font sens, éclairent le texte d’un jour nouveau…

Allez je te la file.

Il a fait l’amour, il a fait le mort… Et il est plus là pour nous expliquer ce qu’il a voulu dire… :p

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Parce que je n’écrirai rien sur ce film c’est une merde…

mars 17th, 2009 by Batiste

On a un deal.
Un deal implicite qui est né le jour où on a été assez grand pour avoir des boutons et prendre le bus.

Avant le jour des boutons et du bus, ma soeur et moi allions au ciné avec nos parents, dans une petite salle de petite ville où ils passent toujours tout, mais bizarrement avec 1 mois de retard. Pas grands fans de cinés à Bordeaux centre où les cinés étaient à la pointe de la modernité mais où il fallait 2 heures pour se garer, papa et maman avaient préféré la petite ville et on y passait pas mal de nos dimanches aprèm.

A partir du jour des boutons (qui a correspondu avec la sortie de “Stargate”, je te laisse refaire l’historique de mon acnée), on a eu le choix entre prendre le bus et aller rejoindre nos potes à Bordeaux pour un ciné (le prix de la place étant entièrement pris en charge par notre argent de poche), ou se poser dans la voiture, se laisser conduire jusqu’au petit ciné avec papa et maman, et se faire payer la place…

C’était ça le deal… T’y vas sans nous, ok mais tu paies…

Fin stratagème pour continuer à aller au ciné avec ses gosses me dirais-tu !! Tu n’aurais pas tout à fait tort…
Mais si à 13 ans (oui Stargate est sorti en 1995…) on est allé avec nos boutons et nos potes voir “Une journée en enfer” (oui oui 1995), j’imagine assez mal comment on aurait pu motiver les copains du collège à aller voir “Underground” ou “La cité des enfants perdus” (oui oui toujours 1995, allociné est mon ami) si papa et maman nous y avaient pas amenés… (tu peux vérifier, cette phrase est grammaticalement correcte même si elle marche sur la tête…)
Et inversement, ça m’étonnerait que maman soit venue voir GoldenEye…

Ce deal nous a donc permis de mixer une culture Télérama assez poussée avec des films de filles (pour Adèle qui aime autant Love Actually que Mulholland Drive, va comprendre…) et les films de super Héros (pour moi !! Adèle s’est endormie pendant le dernier Batman… Va comprendre…)

Samedi dernier (enfin pas samedi dernier mais celui d’avant, j’ai pas eu trop eu le temps d’écrire la semaine dernière…), de retour à Bordeaux pour un petit week-end, je me suis retrouvé sur la banquette arrière de la voiture, en route pour le petit ciné où j’avais pas mis les pieds depuis 7 ans, et où on allait voir Benjamin Button : “Boah, nominé aux oscars ça doit se laisser regarder” avait lâché maman avant de partir.

Au final ça se laisse pas regarder, mais les vieux réflexes sont revenus tout de suite : S’engueuler pour garer la voiture sur un parking vide (très important de s’engueuler pour ce genre de choses dans une famille), laisser maman payer le ciné (c’est le deal !!), se faire des petits commentaires pendant le film (si le films pourri…), et surtout (surtout) faire un débrif du film dans la voiture en rentrant à la maison (Bon là on s’est surtout moqué).

Papa : “Rololoooo, et le faux passage à la Amélie Poulain ?? Mais qu’est ce que c’était pourri !! On peut dire qu’ils ont tout raté…”
Batiste : “En même temps c’était ça ou le gros Depardieu…”
Maman : “Ouaip, il parait que c’est pas le meilleur Chabrol…”
Batiste : “Et y a le gros Depardieu… Je peux plus l’encaisser…”
Papa : “Tu veux que je te rappelle ce que c’était un de tes films préférés quand t’étais petit ?”
Batiste : “Cyrano ? … Mais ça a rien à voir… C’est Cyrano…”

Tiens d’ailleurs, je t’ai dit lecteur que l’autre jour on m’a fait gouter une tarte(lette) Amandine ?

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Parce que j’y suis allé…

février 15th, 2009 by Batiste

Toute cette histoire a commencé à la fin d’un cours de musique au collège alors que j’étais en quatrième. Notre prof de musique était aussi directrice de l’école où j’apprenais le piano, et alors que tout le monde partait en récré…

La prof : “Batiste ? Le groupe d’accordéons de l’école de musique n’a plus de pianiste… Alors je me disais…”
Le djeun’s : “Prrrfff, le groupe de Quoi ?? (Parlez moins fort on pourrait nous entendre…)”
La prof : “Le groupe d’accordéons… A plus de pianiste… Alors je me disais…”
Le djeun’s : Héhé !! Le groupe de… Quoi ? (Moins fort je vous dis…)”

Et elle est partie tout seule, qu’ils étaient très forts, reconnus et tout, passaient des concours dans la France entière, et que c’était un peu la fierté de l’école de musique, et puis que bon, niveau déchiffrage ça pourrait pas me faire de mal, et que jouer dans un groupe ça me servirait toujours, suivre la direction tout ça… Et que même plus tard si un jour je faisais du jazz…

C’est comme ça que je me suis retrouvé le vendredi suivant propulsé pianiste d’un groupe d’une quinzaine d’accordéonistes qui se connaissaient tous, accompagnés d’un batteur et de moi. Tout timide, muet derrière mon piano, perdu dans les 150 partitions qu’on venait de me donner, je faisais tout ce que je pouvais pour suivre la chef d’orchestre en vue du premier concert prévu 2 semaines plus tard…

Ils ont mis un mois à entendre le son de ma voix. Un mois pour que je passe la tête au dessus du piano et les regarde de près. Un mois pour que j’ose dire un petit mot à ce troupeau de boutons qui jouaient d’un instrument bizarre… Et puis ils m’ont répondu !!

Et j’ai adoré ça le groupe d’accordéons. Le batteur était un hollandais fou, capable de changer de style en 2 secondes et avec qui je partais en impro blues dès que les autres arrêtaient de jouer, la chef d’orchestre était toujours à la pointe de la répétition et de la blagoune, et tous les autres étaient de super musicos qui sont devenus de supers potes.

De répet’ en concerts, de repas en concours, de soirées en voyages, je suis rentré dans un monde parallèle, et suis resté un pivot de cette petite bande pendant 6 ans…

Alors je mets les choses au point tout de suite mon petit lecteur, on faisait pas de l’accordéon de guinguette, on faisait pas dans le flonflon et le rouge qui tâche… On faisait de l’accordéon de compète !! Le but c’était d’apprendre des airs classiques, d’opéra ou autre, et de devenir le meilleur groupe d’accordéon du monde… De tirer des larmes des yeux de réfractaires à l’accordéon sur un air de Carmen ou de faire chantonner Jeanro sur le Barbier de Séville…

Et on était bon à ça !!

Dans le monde parallèle de “l’accordéon Club de France”, avec ses concours, ses événements et ses stars (tu n’imagines pas lecteur tout ce que peut représenter l’accordéon club de France, ni l’organisation secrète et silencieuse que ça peut être…), on était de vraies stars, et 4 ans plus tard on était champion de France dans la meilleure des meilleures catégories, avec une grosse coupe de plus à notre actif, des bouteilles de champagne pour boire dedans pendant le voyage de retour, et en poche le droit de disputer l’année suivante les championnats du monde d’accordéon en Martinique !!

Et c’est là que je voulais en venir. Parce que la Martinique c’est loin, faire décoller une vingtaine de gugus pour les championnats du monde d’accordéon (comptes un supplément bagages pour les accordéons) ça revient pas à bézef… Et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé à jouer du musette…

La chef était arrivée avec 150 nouvelles partitions, nous les avait distribuées et avait dit :

La chef : “Maintenant, pour se payer le voyage on va faire des concerts partout où on pourra. Plus on fait de concerts plus on a d’argent, plus on a d’argent moins ça nous coute cher pour aller en Martinique… Vous en êtes ?”
Les p’tit gars : “On en est !!”
La chef : “Bon par contre on a pas le temps de les répéter celles-là, on a encore du boulot sur le Barbier, on verra direct en concert !!”

Au premier concert…

Le batteur : “Allez on fait “Fleur de Paris” !!!”
Le pianiste : “C’est laquelle ??”
La chef : “Page 42 !!!”
Le pianiste : “Je l’ai pas la page 42… Ca passe direct de 41 à 43 !!”
La chef : “Démerde toi, c’est en sol (elles sont toutes en sol), on commence !!”
Le pianiste : “…”

Et on a écumé tout le Médoc. Dans toutes les fêtes de village on jouait entre le gars qui avait fait le Paris-Dakar et qui venait montrer sa voiture et un numéro d’hypnotiseur, entre la fille du coin qui chante (presque) comme Céline Dion et la grande tombola pour savoir qui allait gagner le jambon… Pour la fête des chasseurs de Moulis (elle m’a couté celle-là), pour la fête à la saucisse de Margaux, et pour l’amicale de ceux qui aiment les flonflons et qui se sont payés un groupe pour guincher à Parempuyre !!

Le batteur venait me chercher à la maison avec son camion, on chargeait le piano, et on prenait la (superbe) route des vignes pour rejoindre les autres à Macaux ou ailleurs. Eux étaient déjà morts de rire de tout ce qu’ils avaient vu depuis leur arrivée… On était ultra rodés… On pouvait faire durer les morceaux des heures… On était gratos sur les saucisses, on mettait de l’argent dans l’escarcelle… Les gens étaient contents…

Le batteur : “Allez on fait “Fleur de Paris” !!!”
Le pianiste : “Trop bien, c’est une de mes préférées !!!” (Sur “Fleur de Paris” je pouvais improviser…)
La chef : “J’ai paumé la partition !!”
Le pianiste : “Démerde-toi (c’est en sol)”

Au final, que de bons souvenirs !! Le plaisir de jouer tous ensemble, la complicité des différentes voix, les impros perpétuelles en rattrapage de “j’ai pas la partition”, la route des vignes…

A côté de ça, on continuait les répètes et les concerts classiques. Bien plus sérieux sur ces trucs là, on avait doublé de nombre de répétitions en vue du départ en Martinique, et on regardait notre pactole s’entasser gentiment…

La légende dira que je n’ai jamais foulé le sol de la Martinique. Tout nouvellement en prépa, j’avais pas pu louper les cours pour partir avec les autres, remplacé au pied levé par une prof du conservatoire… Mais ce matin j’ai repris la route des vignes, entre Macaux et Moulis en passant par Margaux… Et dans la clarté du petit matin, à la vue des pieds de vigne, des mouvements de terrain et des clochers des villages, tous les effluves de cette époque me sont remontés aux nasaux… “Non je ne me souviens plus du nom du bal perdu…

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Parce que tu pourras aller voir…

avril 18th, 2008 by Batiste

Ca a été coton de trouver le meilleur moyen pour rentrer à la maison… Avant c’était facile, il suffisait de prendre le RER A, de s’arrêter à Auber (tu peux ouvrir un plan de métro lecteur, parce que dans ce paragraphe on en bouffe un peu), et de finir à pied… Rapide. La belle vie !!

Maintenant que mon petit chez moi est à Oberkampf (hop, le plan de métro), et que vient s’ajouter aux possibilités du RER et du métro celle du vélib (Haha, tu peux aussi sortir un plan du vélib !!), c’est à force de tâtonnements plus ou moins heureux, de “Ha oui là oui mais en fait non c’est plus long”, de “Ha oui tiens oui, mais là y a jamais de vélos” et de “Ce soir il pleut”, que j’ai fini par trouver le moyen le plus court pour rentrer à la maison : RER jusqu’aux Halles et Vélib jusqu’à la maison !!

Bref (tout ça pour te mettre un peu de contexte), tous les soirs je traverse les Halles blindées de monde… Et vas y que ça fourmille, et vas  que ça se rentre dedans à grand coup d’épaules, et vas y que je voulais prendre le petit escalator mais ça va pas être possible, et vas y que tu me marches dessus !!

J’étais donc en train de fredonner le 5° concerto de Beethoven en traversant la place carrée quand je les ai vus. Ce concerto, la première fois que je l’ai entendu c’était avec Clark, en concert à la Halle aux grains de Toulouse alors qu’on était encore tout étudiant et que nos moins de 25 ans nous permettaient d’aller nous faire des petits concerts quasi-gratos à la Halle aux Grains.

A chaque fois je restais scotché, et tous les archers qui bougent, les vagues qui parcourent l’orchestre, l’implication des musiciens me faisaient rentrer dans le morceau. Et puis il faut avouer que le public est un peu midinette. Alors ça fait le sérieux quand ça rentre dans la salle, ça prend sa place furetant dans le programme, ça fait le difficile avant que ça commence, mais une fois que le concert est fini ça s’époumone, et vas y que ça en veut une autre, et vas y que c’était trop bien, et vas y que ça met son slip sur la tête…
Exemple :
Le public : “une autre, une autre, une autre”
Le soliste : “Bon ok, alors je vais vous faire une impromptue de Chopin”
Le public : “Haaaaaaa” -> Hop, midinette (facile)

Tout hypnotisé qu’on avait été par ce concerto, Clark l’avait téléchargé dans la foulée (c’est mal) et depuis il tourne régulièrement dans mon petit lecteur MP3…

Bref (c’était encore du contexte), je traversais donc les Halles avec ce concerto dans les oreilles quand je les ai vus. Je les ai repérés parce que c’est pas le genre qui se parle en général à Paris : un jeune noir habillé en rappeur et une vieille blanche habillée un peu vieille France.

Ils étaient sur le côté de la place carrée, face à face, et faisaient plein de gestes en se parlant. Une observation plus tard, il s’est trouvé qu’en fait ils se parlaient en faisant plein de geste, et qu’à coté d’eux il devait y avoir une dizaine d’autres muets dans des conversations passionnées, de toutes les générations et de tous les milieux apparemment.

J’ai découvert depuis que la place carrée est un lieu de rendez-vous pour les muets qui veulent se rencontrer, et tous les soirs quand je passe je regarde si d’autres sont là. Et tous les soirs (surtout le vendredi) je tombe au beau milieu de débats passionnés entre gens qui ne se seraient jamais rencontrés s’ils avaient parlé.

Comme quoi au beau milieu des Halles, dans ces flots qui se croisent sans jamais se regarder ou se parler, chacun bien dans son monde et fermement décidé à y rester, les seuls qui communiquent sont muets.

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Parce que je l’ai vu…

mars 18th, 2008 by Batiste

Le but du jeu c’était d’aller à une avant-première…

Pas une avant-première juste 1 semaine avant la sortie du film, organisée par UGC pour te faire croire qu’ils t’aiment bien et te faire voir d’un peu loin les stars du film et du moment, mais une avant-première un an avant la sortie du film histoire pour le réalisateur de voir si son montage assure, si les gens aiment ou détestent, et si il peut se pendre tout de suite ou si il attend plus tard..

La scéance serait suivie par un remplissage de questionnaire sur chacun des acteurs, sur les scènes, la mise en scène et tout le toutim qu’on nous a dit. J’étais comme un petit fou, prêt à assister à la mise au monde d’un chef d’oeuvre tout commenté à postériori avec mes petits mots pour aider le réalisateur… Mais comme on nous a fait signer un papier pour absolument rien dire sur ce qu’on a vu, je n’écrirai rien sur ce film (comprend qui peut).

C’est avant que la scéance ne commence que se déroule ce post… On était entré dans la salle de ciné, avait dit bonjour à toutes les hôtesses grandes et blondes qui nous ouvraient la route (Paris est le paradis pour ceux qui recherchent des hôtesses grandes et blondes…), et rusé qu’on avait été on s’était retrouvé au premier rang du balcon, juste trop bien placé pour tout bien voir… Et là un gars s’est levé pour nous dire ce qu’il allait se passer : “C’est le réalisateur qui a souhaité cette projection… Le fim est en cours de montage, alors les raccords, le son, la vidéo tout ça n’est pas au tip-top”… J’écoutais et puis d’un coup j’ai reconnu la voix.

Reconnaitre une voix connue avec la tête d’un gars qu’on a jamais vu, c’est pas facile facile… Et c’est qu’en fermant les yeux que je suis arrivé à mettre un nom là-dessus. C’était Frédéric Bonnaud, ancien animateur de radio sur France Inter, viré comme un malpropre en fin d’année dernière après une saison d’émissions magiques, riches, rebondissantes, avec des invités toujours trop intéressants et “différents” des bons clients habituels, et remplacé cette année par Calvi le mauvais qui invite Nicoletta et Pasqua pour qu’ils nous parlent de leurs livres de mémoires…

Alors je suis resté les yeux fermés pour profiter encore une petite fois de sa voix… Et puis là je viens de trouver ça : http://www.la-bande-a-bonnaud.fr/Archives/Archives.htm
Alors pour ceux qui ont pas eu la chance d’écouter tout ça, ça laisse quelques heures de petits plaisirs culturels… Je vous conseille entre autre les interventions de Pochon sur les ronds-points, et celles de Philippe Collin, du bonheur en barre…

Sur-ce, je pars 3 jours à l’étranger pour mon pollueur d’employeur préféré (comment ça vous n’avez pas vu qu’une raffinerie a déversé 400 tonnes de produits dans la Loire ce week end ??)…

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Parce que ça défoule…

février 8th, 2008 by Batiste

“Twuiiiiiiiiuw Twuiiiiiiiiiiuw…”
La dernière fois que j’avais entendu ce doux son dans mon dos j’avais 19 ans, j’étais en scooter et j’avais brulé un feu rouge de nuit… La camionnette des flics avait fait un dérapage devant moi pour m’arrêter (impressonnant, je crois que le gars avait dû s’entrainer un moment avant de gérer le dérapage devant scooter avec camionnette), et j’avais fini assis sur un banc à épeler mon nom de famille et à donner la profession de mes parents (après m’être fait gueuler dessus comme une merde et fouiller comme un voleur… Ils cherchaient du “chichon” visiblement vu qu’ils me répétaient ce mot abscon toutes les 5 secondes)
Bon là il se trouvait que j’étais en vélib et que je venais de bruler un feu rouge…

Je te le fais…
“Timpalim palim palim (les connaisseurs auront reconnu la version de “Guadeloupe” de Petrucciani enregistrée Live en 98 quelques mois avant sa mort), hop un feu qui passe au rouge… Personne à gauche (évidemment c’est un sens unique, mais suis-je bête…), personne à droite (ha non tiens personne), pas de piéton qui traverse… Mais que diable allons y !!”
C’était sans compter sur la voiture de flic que je n’avais pas vue dans le rétroviseur qui n’existe pas encore sur les vélibs et qui était tout juste derrière moi…
“Twuiiiiiiiiuw Twuiiiiiiiiiiuw…”
“Non il ne se pourrait pas que… Non suis-je bête. Ils doivent avoir reçu un appel du central parce qu’une vielle dame vient de se faire renverser par un chauffard en 4 x 4… Salauds de 4 x 4…”
La 206 des flics me dépasse à 20 à l’heure en fond de première (impressionnant quand même…), et pile devant mon vélib en donnant un coup de volant… Pas un crissement de pneux… rien !!
“Bonjour monsieur” (je prends du monsieur maintenant, et on ne me fouille plus…)
“Bonjour, vous savez que je connais un gars à Bordeaux qui fait pareil mais avec des camionnettes J9… Et devant des scooters encore… Zêtes nouvau dans la Police non ?” (cette phrase est totalement imaginaire, j’essayais encore d’échapper à la prune…)
“Papier du véhicule monsieur s’il vous plait”
“… Heu… Je… C’est un vélo…”
“Vous savez que vous venez de traverser le carrefour malgré la présence d’un feu de signalisation tricolore qui était alors au rouge signalant l’arrêt obligatoire ?” (ils doivent apprendre les phrase par coeur… Si quelqu’un peut trouver le bouquin de formation de la Police où y a toutes ces phrases je suis preneur)
“Heu… Oui ?”
“Et vous savez que c’est interdit ?”
“… Oui…”
“Vous avez vos papiers s’il vous plait ? Je vais être dans l’obligation de vous verbaliser…”

Il est entré dans sa 206 et m’a laissé bouillir 10 minute dans le froid, juste le temps de mariner un peu et de regarder ce qu’il se passait autour…
“Voilà, ça fera 90 euros pour non respect d’une signalisation tricolore”
“90 euros ?? Allez on dira que c’est pour rembourser la Dette…”
“C’est pour vous monsieur qu’on fait ça…”

Et là j’ai pensé à maman…
Maman qui m’avait fait rater un entrainement de hand parce qu’elle s’étais faite arrêter par les flics au seul “Stop” de ma ville qui craint RIEN, et qui avait fait chier les flics pendant plus d’une heure et demi à leur gueuler dessus, à leur parler de conscience professionnelles, de chiffres, et à leur énumérer tous les “Stop” de la ville où y avait plusieurs accidents par semaine et où ils pourraient vraiment aller “protéger la population” (”comme c’était normalement leur devoir, qu’ils avaient juré non ? qu’ils n’avaient aucun honneur et qu’elle aimerait pas être à leur place…)
J’ai pensé à maman… Et je me suis lancé !!

Ca a commencé par un “Non… C’est les 90 euros qui étaient pour moi au début…” et puis tout y est passé, les 2 mercédes garées sur les places handicapées juste en face de la voiture, ce que j’avais vu comme infractions un peu plus dangereuses le temps qu’ils me verbalisent, leurs collègues postés 10 mètres plus haut et qui n’arrêtaient que des voitures avec des noirs et des arabes dedans, les vélos, les voitures, la pollution, l’esprit critique, l’interprétation, Papon… Ils ont vraiment pas des boulots faciles ces gars à se faire engueuler à chaque fois qu’ils arrêtent quelqu’un…

Bref, j’étais parti en avance du boulot, et je suis arrivé à la maison en retard… Et plus léger de 90 euros…

Category: J'aime la vie je fais du vélo et je vais au cinéma, La vie ne fait pas de cadeaux | 6 Comments »