Parce qu’on a peur…

mars 12th, 2010 by Batiste

Il faisait froid à se mordre un œil, et la queue était longue comme le bras. Voire même comme un paquet de bras vu qu’elle faisait le tour de la petite terrasse et s’arrêtait devant la bouche du parking souterrain.

Arrivé en premier j’avais grommelé un truc du genre “mais vraiment mais au-cune originalité les gens” et je m’étais calé au finfond de la queue à attendre qu’une centaine de tables se libèrent avant de pouvoir manger.

Ca faisait tellement longtemps qu’on s’était pas retrouvé ensemble à Bordeaux, tellement longtemps qu’on y était pas allé dans ce resto, et c’était tellement une de nos institutions quand on habitait dans le coin qu’on aurait fait la queue même si elle était arrivée devant les marches du Grand Théâtre…

Dans une queue de bordelais donc, à me peler les miches sur un trottoir même pas chauffé et à attendre que Jeanro se bouge et vienne me rejoindre, j’écoutais d’une oreille les discussions des 2 couples de trentenaires de derrière, et des deux couples de soixante-cinquenaires bien remplumés de devant. Pour faire ça vite : ça parlait travaux dans la salle de bain derrière, et études des grands devant.

Et voilà qu’arrivent les loulous !!

Tous droits sortis de la fête foraine qui illuminait de toutes les couleurs de la vie l’esplanade des quinconces, une grosse peluche à la main et des casquettes vissées sur les têtes, 4 “jeunes” passent sur le trottoir d’en face. Rigolades et esclafades sur le trottoir, ils allaient d’un pas bien gaillard vers le Mc Do de la rue ST Catherine : LE Mc Do de la Rue Sainte Catherine !!

Passage piéton : le premier saute sur la route, sort le sifflet qu’il venait de gagner au tir au fusil, et d’une main alerte arrête la circulation le temps que ses potes traversent. Ca sifflait, faisait des moulinets avec le bras, surveillait la bonne traversée des autres, puis roulez jeunesse, je te rappelle que l’objectif de l’opération restait : le Mc Do.

Bon enfant me dirais-tu…

Le premier soixante-cinquenaire : “Ha ben là, hein, ils sont pas là les flics quand on a besoin d’eux !!”
Sa femme : “Ha ça, ils sont jamais là pour arrêter les voyous”
Le second soixante-cinquenaire : “Pour nous faire chier sur les routes avec leurs contrôles de vitesse y a du monde hein, mais pour nous protéger…”
La femme du premier : “Ha ça oui, ils sont là pour nous arrêter sur la route !!”
Le premier soixante-cinquenaire : “Mais là, quand il faudrait qu’ils arrêtent des voyous !! Hein !!”
Sa femme : “Même ici on est plus en sécurité… Ca fait peur…”

Je te fais l’interpellation : “Vous êtes en état d’arrestation !! Violation du code 45 bis du code pénal, alinéa 23 (je cite) : Gaité sur la voie publique. Vous êtes susceptible de 48h de garde à vue, 2 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Ne bougez pas pendant que je vous menotte…”

Arrestation d’autant plus justifiée que les loulous en questions étaient NOIRS !!
Alors oui le soixante-cinquenaire est un peu resté un grand enfants : il a peur du noir. Oui le soixante-cinquenaire reste visiblement sensible au thème de l’insécurité, et craint de se faire assassiner par les jeunes qui traversent des routes.

Alors dimanche lecteur… Dimanche… Vas voter !!

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