Parce que je l’ai écouté ce matin…

février 23rd, 2007 by Batiste

Maman était à côté de moi et on tapait des mains.
Il faut dire qu’on était pas tout seul à taper des mains, toute la patinoire de Bordeaux tapait des mains (la patinoire à bordeaux, c’est un peu notre Zénith à nous, en plus froid), et puis ils sont revenus.

A 4.

5 minutes plus tôt ils étaient 40 sur scène, et là ils étaient revenus à 4.
Ils ont installé le plus vieux derrière son piano, le gros a pris sa contrebasse, le trompettiste tenait sa trompette dans la main… Mais Ibrahim Ferrer est parti tout seul, à capella.
“Dos Guardenias para ti, con ellas quiero decir, te quiero…”
Silence dans la patinoire. C’est vrai qu’ils l’avaient pas encore faite celle-là, et on l’avait même oubliée dans le flot de toutes celles qu’ils nous avaient faites.
On était habitué à l’intro à la trompette de l’album, et on avait été cueilli à froid pour se retrouver d’un coup dans la chanson.
Il a fait toute la première partie de la chanson, de sa chanson, tout seul, pour la porter de ses petites mains.
Et puis les autres se sont mis à jouer, par petites touches, juste pour combler le vide qui s’était créé autour d’Ibrahim.
Le public a pas bougé de la chanson, tout le monde profitait de ce vieux qui nous faisait passer toute la sensibilité de son histoire d’amour.

Le concert avait été complet, avec un band qui évoluait au fil des chansons pour faire dans le feutré à certains moments et pour tout faire péter à d’autres.
C’est facile de tout faire péter avec 30 gars sur scène rien que pour taper à tour de rôle sur des tambours de taille différente et créer un tapis de rythme, des trompettes, des trombones, de guitares…
on avait eu droit à un combat de trombones qui se tiraient la bourre à celui qui en mettrait le plus partout.
On avait eu droit à Ruben Gonzalez derrière son piano qui avait hypnotisé la salle tout seul avec une contrebasse, à faire vriller les jambes à force de rythmes cubains.
On avait eu droit à Omara Portuando toute belle qui avait fait les meilleurs duos du monde.
On avait eu droit à Ibrahim Ferrer qui nous avait fait bouger plus que jamais sur “Candela”, et il nous finissait avec “Dos guardenias”…

Y a eu à la fin de la chanson un de ces petits moments où personne n’applaudit parce qu’on écoute encore le gars ne pas chanter. Le pianiste s’était levé, ils étaient les 4 debout face à nous et puis tous les autres, les 40 autres sont arrivés sur scène pour nous en faire encore quelques unes après 3h30 de concert…

Maintenant Ruben est mort, Ibrahim l’a rejoint y a deux ans juste après un concert à Marciac, mais leurs voix ne s’éteindront pas.

This entry was posted on Vendredi, février 23rd, 2007 at 17:34 and is filed under Non classé. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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