Parce que c’est notre sauveur

mai 10th, 2010 by Batiste

Juste sorti du A et pas encore dans la 3, au détour d’un couloir dont les petits carreaux de salle de bain rouge bordeaux étriquent la basse voute du virage, vivent 6 ascenseurs gros et gras.

Carré, fermé, une rigole le long des murs, tout pue et les quatre clodos qui ont fait de ce havre leur résidence permanente mangent, dorment, et pissent là, ce qui tu l’auras compris n’arrange rien à l’affaire…

Mais ces Ascenseurs sont un passage obligé entre ma grande tour et mon petit appart, et le gars qui a conçu tout ça s’est creusé la tête pour que ça dépote : un chrono apparent se met en route dès que quelqu’un monte et descend les 30 secondes qui le séparent du départ. 27 secondes plus tard (à 3 secondes du départ pour les littéraires), ça bipe, affiche un gros “Stop”, la porte se ferme, et à l’instant où l’ascenseur part une autre porte d’ascenseur s’ouvre… Magie de la technologie moderne !!

Mais voilà… Le parisien est pressé !!

Le parisien a pas vraiment envie d’attendre 30 secondes quand il sait qu’il pourrait partir tout de suite : alors quand le parisien voit un “Stop” s’afficher, le parisien court, et le parisien monte.

Le parisien malin monte et les portes s’arrêtent. Coupé dans son élan, l’ascenseur réfléchit, ouvre ses 150 kilos de portes, réfléchit, remet le chrono à 3, Affiche le “Stop”, bipe, compte prudemment et à l’envers les 3 secondes affichées, commence à fermer les portes… Et un autre parisien malin qui vient de se mettre à courir coupe leur route pour descendre plus vite…

Tu l’auras compris lecteur, c’est le genre de lieu où une série de petites actions individualistes peuvent bloquer une trentaine de personnes à vie !! Certains soir, le petit manège peut durer 2 minutes, de quoi décider de prendre l’intérim de Notre Seigneur et faire justice soi-même, égorgeant les malheureux qui viendraient ajouter 3 secondes de plus d’attente aux trente prêtes à rejoindre la 3.
Les regards noirs fusent, les yeux montent au ciel, mais comme tout ce petit monde est civilisé, personne ne vient avec son couteau à égorger.

Mais l’autre jour un miracle s’est produit.

Sur le quai de la 3 un vieil homme noir d’allure fière a l’habitude de vendre des journaux haut de gamme. Ce jour là, sur le chemin de son petit boulot de vendeur hors la loi, il était monté dans le même ascenseur que moi, un ballot de magasines à la main.

Ca bipe, affiche un gros “Stop”, la porte se ferme, un parisien monte…
Ca bipe, affiche un gros “Stop”, la porte se ferme, un parisien monte…
Ca bipe, affiche un gros “Stop”, la porte se ferme, et alors que l’ascenseur décollait, le Juste a commencé dans un anglais parfait : “Gentlemen, due to the respect you should owe to everyone in this elevator, when the external light shows a red “stop”, you should precisely stop instead of rushing out to get into the elevator.”

Les 2 encostardés retardataires devaient pas avoir commencé leur formation à “Wall Street English” et s’en sont trouvés d’autant plus mouchés… Et depuis, je me demande toujours comment un anglais peut finir clodo à Paris.

This entry was posted on Lundi, mai 10th, 2010 at 15:29 and is filed under J'aime la vie je fais du vélo et je vais au cinéma, L'aventure c'est l'aventure...., Non classé. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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